Jusqu’à la fin de l’année, nos rédacteurs publient le Top 10 de leur année pop. Aujourd'hui, celui de Laurence Buisson. Le Top de la rédaction sera publié dans nos hors-séries de fin d’année à pré-commander et à pré-financer ici.
- BIG THIEF – U.F.O.F. (4AD)
- ALDOUS HARDING – Designer (4AD)
- WEYES BLOOD – Titanic Rising (Sub Pop)
- EMILY JANE WHITE – Immanent Fire (Talitres)
- TINY RUINS – Olympic Girls (Ba Da Bing Records / Marathon Artists / Milk Records)
- TINDERSTICKS – No Treasure But Hope (City Slang)
- HEATHER WOODS BRODERICK – Invitation (Western Vinyl / Differ-Ant)
- SHE KEEPS BEES – Kinship (Ba Da Bing Records / BB Island)
- JESCA HOOP – Stonechild (Memphis Industries)
- HEJIRA – Thread Of Gold (Lima Limo Records)
+ Mother Of Gloom d’EMILY FAIRLIGHT (Occultation Recordings)
Vagues populistes, appels au repli sur soi et à la haine de l’autre, destruction inconsidérée de notre planète… 2019 aura marqué une nouvelle année noire dans l’histoire d’une humanité qui à force de perdre ses repères en vient à banaliser toujours un peu plus l’immonde. Pris dans ce brouillard nauséabond, nous pouvons cependant continuer à compter sur la lumière et l’espoir distillés par la musique d’artistes qui plutôt que de sombrer dans une colère stérile, préfèrent nous aider à trouver le chemin vers la beauté. Une quête salutaire en filigrane de mon Top 2019.
En appelant à embrasser l’inconnu, les majestueux Big Thief nous guident ainsi tout au long du somptueux U.F.O.F. vers l’acceptation de la différence et nous offrent mon chef-d’œuvre de l’année, un disque ambitieux qui redessine les contours classiques du folk et consacre définitivement le quartet américain comme le groupe le plus excitant de la décennie.
Poursuivant les voies engagées sur leurs précédents opus, les magiciennes Aldous Harding et Weyes Blood apaisent quant à elles nos âmes tourmentées en parant leur musique de nouvelles teintes plus colorées, dans l’épure parfaite pour le magnifique Designer ou grâce à une pop orchestrale irrésistible sur le somptueux Titanic Rising. Une inclinaison pour la lumière que l’on retrouve également sur le brillant et intense Olympic Girls de la talentueuse Tiny Ruins mais aussi sur l’éclatante ode à l’amour No Treasure But Hope des précieux Tindersticks.
Célébrer la lumière pour mieux s’élever contre la noirceur du monde, tel est enfin le pari essentiel de plusieurs œuvres majeures de cette année : le manifeste engagé et terrassant de beauté d’Emily Jane White, le baume cathartique et poétique des indispensables She Keeps Bees, l’hymne militant de la divine Jesca Hoop, ou encore le fil cousu d’or des incroyables Hejira, l’une des plus jolies découvertes de mon année musicale avec celle de la néo-zélandaise Emily Fairlight dont la voix si particulière saisit dès la première écoute.
“Tant de nos questions sont et resteront sans réponse, mais si nous savons ralentir un peu le rythme et apprécier les choses telles qu’elles sont, alors cela peut nous permettre de voir la beauté parmi le chaos”, confiait Heather Woods Broderick lors de la sortie de son magnifique troisième album, très justement intitulé Invitation. Une invitation en forme de promesse indispensable pour rester debout et garder l’espoir malgré tout…