Après cinq albums et une compilation de ses premières démos, la chanteuse suédoise Sarah Assbring alias El Perro Del Mar, est de retour avec l’EP We Are History, sorti vendredi. Le dédale labyrinthique et mystique de ses émotions qui faisait sa signature laisse la place à ses interrogation sur l’état du monde.
Sur la pochette de We Are History, elle s’enroule dans un dessus de lit d’un goût douteux, une taie d’oreiller bleu sur la tête, qui laisse à peine entrevoir son visage et ses cheveux de jais coupés ras. De quoi annoncer que ses nouvelles chansons n’ont rien de nombriliste. El Perro Del Mar est le pseudonyme (en référence au chien qui l’a sauvé d’une dépression certaine) de l’artiste et mannequin suédoise de 40 ans, Sarah Assbring. Un milieu qui lui donnait des complexes quand elle en avait 24 et souffrait de troubles alimentaires. Se couper les cheveux à la garçonne pour accompagner la sortie de son dernier album Kokoro (2016) lui a permis d’appréhender sa féminité autrement, loin des contingences extérieures. Un acte aussi radical que libérateur qui conditionnera ces chansons et les suivantes, avec une pleine conscience du monde qui l’entoure.
Où allons-nous ? Qu’avons-nous fait pour en arriver là ? Sommes-nous si différents de nos ancêtres ? Sarah Assbring souffre du manque d’humanité, de tolérance et d’égalité. Son premier single Fight For Life fait référence à la situation des migrants, mais chronique aussi plus largement la difficulté de survivre aujourd’hui, avec une voix et un mordant à la Björk.
Le propos est urgent, la musique solennelle. Une nouvelle conscience (politique) héritée d’un constat, après la mort de son père. Alors qu’elle le visite régulièrement sur sa tombe pour lui raconter ce qu’il a manqué, elle a du mal à lui expliquer les changements qui s’opèrent autour d’elle et dans le monde. Elle lui dédie We Are History, qui nous enjoints à tirer les leçons du passé, une idée chère à son paternel. Nous vivons dans un « monde décérébré ». Cet EP est là pour nous le rappeler et nous faire réfléchir à notre propre cupidité, avec un goût amer.
Alexandra Dumont
