Olivier Libaux
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L’Au-revoir à Olivier Libaux

Un concert s’est tenu au Café de la Danse le 21 novembre en hommage à Olivier Libaux, deux mois après sa disparition à l’âge de 57 ans. Une soirée à son image : festive, généreuse, sensible. Magic y était. Evidemment.

Il fallait voir la liste des artistes qui se sont succédés tout au long de cette soirée sur la scène du Café de la Danse pour comprendre l’empreinte qu’a laissée Olivier Libaux sur la pop française.

Décédé brutalement le 28 septembre dernier, ce natif de Boulogne-sur -Mer avait eu, avant cette issue fatale, plusieurs vies.

D’abord une vie avec Les Objets, ce groupe qui, en deux albums, La Normalité en 1991 et Qui est qui ? en 1994, deviendra culte en raison notamment de cet art consommé de la belle mélodie à la mode « Housemartins » ou « Pale Fountains ». Jérôme Rousseaux, son comparse qui continuait ensuite sa carrière sous le nom d’Ignatus, en donna ce soir-là deux illustrations magistrales en interprétant l’étincelant La Saison des Mouches mais aussi La Normalité.

Ceci a donné l’occasion à une salle entière de reprendre en chœur : « Je retrouverai la normalité, l’ennui de vivre comme un raté… ». Avant, le fameux Sarah, extrait de ce premier album décidément mythique, avait été interprété par Joris Clerté, qui, devenu depuis réalisateur, avait créé dans les années 1990, Prudence, un groupe pop cornaqué par Olivier Libaux.

En 2015, Magic était revenu sur ces albums « oubliés », regrettant qu’ils n’aient jamais été réédités. Bingo :  l’année suivante, un des responsables de Sony, Christophe Langris, fan de Monochrome Set, publie les deux albums magnifiquement remasterisés permettant ainsi à une nouvelle génération de découvrir ce duo d’orfèvres sur toutes les plates-formes de streaming.

Puis, il y eut la vie de collaborateur et d’agrégateur. Olivier Libaux va accompagner successivement Carla Bruni, Dominique Dalcan (interprète remarquable ce dimanche soir au Café de la Danse de Bienvenue), Jean-François Coen ou Alex Gopher. Puis ensuite, fédérer autour de lui la fine fleur de la pop française dans deux exercices particulièrement originaux pensés comme des comédies musicales, L’Héroïne au bain en 2003 (Dalcan, Katerine, Noguerra, Doriand…) puis Imbécile en 2007 (Noguerra, Katerine, Carlotti, Nataf).

De Nouvelle Vague à Uncovered Queens of the Stone Age

Du premier album, Doriand a interprété ce soir-là une chanson au titre malheureusement de circonstance, La fin du Voyage. Mais c’est Imbécile qui va se tailler la part du lion sur la scène du Café de la Dance avec Le petit succès interprété par Barbara Carlotti, Mon Verre d’eau par Héléna Noguerra, Imbécile par Albin de la Simone, Je prends l’eau par JP Nataf et Mes belles années par Armelle Pioline (ex-Holden, SuperBravo) vont illustrer en quelques minutes la quintessence de l’art de Libaux : le sens des mélodies, l’humour des textes, le plaisir d’être ensemble.

Olivier Libaux, ce fut enfin Nouvelle Vague, le projet pensé avec Marc Collin qui lui apporta une gloire planétaire grâce à cet art consommé des reprises pensées pour sublimer le titre original. Plus personne n’écoute plus le Ever Fallen in Love des Buzzcocks ou le In a Manner of speaking de Tuxedomoon (interprétée ce soir-là par l’envoûtante Mélanie Pain) de la même façon.

Le Too drunk to fuck des Californiens de Dead Kennedys constituera d’ailleurs un des sommets d’une soirée qui n’en fut pas chiche, grâce au numéro délirant du duo constitué de Mélanie Pain et d’une Elodie Frégé, plus vamp et plus punk que jamais. Une Elodie Frégé capable aussi de se lover dans la sensualité de La pluie et le beau temps, composition originale d’Olivier Libaux qu’il avait exceptionnellement casé dans un album de Nouvelle Vague en 2016. 

Les fleurons de la pop française

Que dire aussi de l’interprétation du Love will tear us apart de Joy Division par Julia Jean-Baptiste qui commença dans un registre bossa-nova avant, dans un final éblouissant, de passer Ian Curtis au filtre d’Aretha Franklin…

Ludique aussi, cette interprétation du Just can’t get enough par Helena Noguerra et Mareva Galanter. Avant, Charlotte Savary et Karen Lano auront rendu hommage à la dernière originalité de Libaux : transformer la testostérone de Queens of the Stone Age pour n’en extraire que la pureté des mélodies. 

Des Objets à Nouvelle Vague, de Uncovered Queens of the Stone Age à l’Héroïne au Bain ou Imbécile, Olivier Libaux a, pendant vingt ans, façonné son art de la pop en agrégeant autour de lui le fleuron de la pop française (on pense aussi à Étienne Daho, Camille, Phoebe Killdeer, Vanessa Paradis, Julien Doré, Adrienne Pauly, Clara Luciani…). 

Celles et ceux qui ont assisté à la scène finale de cet Olivier Libaux Tribute s’en souviendront longtemps. Ce fut une sorte de bacchanale festive, de transe heureuse, où tous les protagonistes de la soirée se sont mis à danser frénétiquement sur une reprise de Satisfaction. Une satisfaction ressentie probablement par Olivier Libaux, s’il a pu voir de là-haut ses amis le célébrer avec autant de joie, de générosité, d’amour. 

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