Les 8 et 9 juin, Petit Bain accueille la troisième édition du More Women on Stage Festival. Son programmateur Sacha Rosenberg vous détaille l'affiche de ce festival militant.
PYTHIES
Le but du MWOS c’est évidemment d’aller chercher des groupes confirmés, comme on le verra plus tard, mais c’est aussi de mettre en avant des jeunes projets. Ça prouve que la scène est vive et, surtout, ça récompense la prise de risque. Parce que monter un groupe et s’exposer, c’est toujours une prise de risque. Pythies coche toutes les cases. C’est un groupe qui a à peine un an et demi, mais qui monte très vite. Peut-être aidé par les oracles, ça on ne sait pas, mais c’est surtout grâce à une esthétique ultra nineties. On est vraiment sur la première vague du mouvement Riot grrrl : un son chaud, sale, direct. Comme si les trois s’étaient rencontrées dans une école d’art à Olympia ! Les riffs sont plutôt bruts et viscéraux, mais ça tape pile là où ça doit taper : dans la nostalgie des «vieux» et dans le présent des «jeunes». Parfait ! Et au-delà du son, le message qu’elles diffusent est exactement le même que le nôtre, alors pourquoi se priver de Pythies ?
LES SHIRLEY
Si notre nom est en anglais c’est parce que le constat fait par Lola est international. Partout on a besoin de plus de femmes sur scène. C’était donc logique d’inviter des potes de très loin là-bas ! Les Shirley viennent de Montréal, et depuis plus de six ans maintenant elles participent au renouveau de la scène pop-punk ! C’est ultra frais et ça t’accroche dès la première note ! C’est typiquement le groupe qui t’empêche de rester au bar ! Même si ta pinte te regarde tel un Chat Potté au top de ses yeux, tu abandonnes tout pour aller taper ton meilleur pogo mignon ! C’est vraiment une musique qui met le sourire tout de suite ! Et comme être content c’est sympa, on les a invitées à venir jouer ! Ah, anecdote marrante : elles ont fait connaitre l’asso à Dave Grohl. Du coup, elles auront deux fois plus de tickets boisson.
FALLEN LILLIES
Avec elles, on commence a rentrer dans les «pionnières» ! Ça fait onze ans qu’elles sont là ! Même si aujourd’hui, on manque encore de meufs, il y a quand même un mieux ! Mais imagine en 2013 ! Onze ans qu’elles jouent partout et qu’elles se sont construites un public juste à la force de leurs chansons et de leur folie scénique ! À l’ancienne quoi ! Et, en 2013, la scène iodé était vraiment moins aidée qu’aujourd’hui. Elles sont passées des petites salles de Sochaux et de Montbéliard au Hellfest, c’est impressionnant. Et en même temps, elles ont les riffs qu’il faut. C’est lourd, c’est gras, c’est suant ! C’est punk et heavy quoi. Et en plus de ça, t’as des refrains sur lesquels t’as juste envie de te péter la voix. Ça aurait été inconcevable de ne pas les mettre à l’affiche. Fallen Lillies, c’est des exemples !
DREAM WIFE
Sur les dix dernières années, c’est dur de pas penser à Dream Wife quand tu cherches un putain de groupe 100 % féminin ! Depuis Hey Heartbreaker et Let’s Make Out, c’est une progression constante et une ambition musicale quasi inégalées. Elles passent de la pop au gros punk en passant par le piano-voix sans cligner des yeux. Et au-delà de la musique, ça fait partie des rares artistes en totale adéquation avec leurs valeurs. Sur les albums, elles ne travaillent qu’avec des femmes et sur les tournées, elles veillent à ce qu’il y ait au moins une équité dans les salles. Le feu va être total. À mon avis, les places au premier rang vont coûter assez chères. Enfin, elles seront au même prix mais va falloir aimer bousculer !
LOUISADONNA
On est catégorisé très rock mais on s’intéresse à tous les styles. Quand on parle de scène, on parle de toutes les scènes. À ce moment-là du concert, on sera déjà à quatre heures de guitares, on a donc décidé de faire une pause un peu moins saturée. Louisadonna est une fraîcheur pop, tout en sucre ! Mais ça c’est que les instrus ! Parce si on arrête de dodeliner vingt secondes, on se rend compte que c’est assez acerbe, assez critique sur la société ou sur les rapports hommes/femmes. C’est très bien écrit, c’est subtil quand ça doit l’être, vulgaire quand il faut. Une vraie belle plume qui se démarque de ce qui se faisait avant et un peu plus aiguisée que pas mal d’artistes d’aujourd’hui. Un bon dosage quoi ! Elle a vraiment les mots pour parler à la Gen-Z et c’est important que le message passe chez eux. Mine de rien, c’est sur eux que ça repose.
MINUIT MACHINE
On change encore de scène ! La nouvelle révolution, elle ne se passe plus forcément dans les salles rock comme depuis les années 1950, mais clairement dans les clubs ou les raves. On a voulu amener cette révolution dans Petit Bain, qui a déjà une grosse histoire avec la scène électro ! On va ouvrir la nuit avec Minuit Machine. C’est un duo qui se balade entre dark wave et techno ! Sombre et dansant, profond et bougeant. C’est typiquement le genre de son qui implique tout ton corps, quoi. Pas juste tes épaules ou tes jambes. Ça traverse le dos, ça envoûte le bassin et ça cloue les pieds au sol. Même si c’est des machines, l’effet est organique. Il y a une touche de sexy dans les morceaux qui colle bien au lancement de la nuit !
FAAST
Il sera entre 3h et 5h du mat’ quand FAAST va monter sur scène, c’est la dernière ligne droite et là, il fallait du direct, du «brutal». Elle te sort des mixes ultra vifs et percutants sans pour autant tomber dans la facilité de juste passer le BPM de 120 à 450 ! Les morceaux se laissent désirer, les montées sont assez longues pour créer ce petit brin de frustration qui va avoir toute son importance quand elle fera tout exploser ! On aime aussi sa variété de sons. On va bien sûr chercher dans la techno, mais il y a de belles touches de trance et un goût assez prononcé pour la musique des BO de jeux vidéo de bagnoles des années 1990-2000 ! Comme son nom l’indique, ça donne envie d’aller vite ! Bon, la barge n’a pas prévu de quitter le port, mais on verra !
YTSO & WAYNE
Ytso & Wayne, c’est un nuage menaçant en plein désert. Quand tu écoutes leur musique, tu ne peux que penser a cette immense étendue de sable. Mais pas désert du Sahara, plutôt ceux des films de Sergio Leone, avec les vallées, les espèces de montagnes de pierres. Il y a pas mal de films, notamment Mad Max: Fury Road, dans lesquels les héros se promènent dans ces déserts au bords de l’explosion orageuse et c’est vraiment ce qui ressort de leur son. Il y a ce coté ésotérique et psychédélique. Hypnotisant et en même temps menaçant. On adore la profondeur de leur distorsion. À deux doigts du noise, sans tomber dans la lourdeur. Leur EP est une pépite. Réussir à être profond et aérien, ça n’est pas donné a tout le monde. Ça peut rappeler les chansons calmes de Nine Inch Nails par exemple.
VENIN CARMIN
Ca fait partie des super découvertes de l’année 2023. On a fait un concert avec le groupe et on est tombé directement sous le charme ! L’album a beaucoup tourné depuis sa sortie. Ça pue les clubs fiévreux des années 1980, bas de plafond et bondés de cuir et de mèches ! La cold wave underground de Manchester ! Elles sont très fortes pour créer des morceaux avec une belle base pop qu’elles vont détruire en leur collant des sons de clavier sorciers, des basses très imposantes et un son de gratte ultracompressé. Ça donne un rendu assez étonnant. On est dans une sorte de surprise qui grandit de mesure en mesure. On s’ennuie jamais avec Venin Carmin ! Et sur scène la barre du charisme est très haute ! Si c’est ça le venin, j’espère qu’on ne trouvera jamais l’antidote.
TTRRUUCES
Alors ce groupe… C’est un résumé de tout ce qui se faisait de mieux dans les années 1960 avec une touche de modernité, forcément. Ça explose de classe. C’est un duo avec, à la voix, Findlay, que j’adore depuis son premier album solo, et Jules aux compos. Il y a une connexion puissante entre les deux. J’ai l’impression que quoi qu’ils tentent, quel que soit le style qu’ils vont s’approprier, ça va fonctionner. Que ça soit de la pop psyché, des petites compos lo-fi de plages espagnoles, des envolées sur fond de musique classique remixée, c’est un succès a chaque fois. Leur son est feutré, confortable, sans pour autant nous endormir. Parce que clairement, ils peuvent passer d’une univers gainsbourien à une balle à la Kasabian en un seul morceau. C’est un groupe avec une créativité sans fin et ça risque d’être la découverte du festival pour pas mal de gens !
JEANNE ADDED
Quand on s’est demandé qui on voulait pour le festival, le tout premier nom qui est sorti c’est celui de Jeanne Added. Donc la première minute utilisée l’a été pour lui envoyer un mail ! J’avoue, il y a possiblement un bouchon qui a sauté quand elle nous a dit oui ! En dix ans, elle a su se créer un répertoire ultravarié. Même si on est totalement dingues de ses premiers sons très sombres, cold wave, on adore aussi ce qu’elle a fait derrière. C’est dur de se sortir d’un registre et elle l’a fait avec une agilité déconcertante. Trop facile quoi ! Son atout c’est cette voix pleine d’émotion qui peut partir haut ! Maintenant, elle construit les chansons autour de cette voix, c’est le rôle principal et la musique est là pour la faire briller. Et justement, elle nous prépare un show juste pour nous. On dit pas que si tu pleures pas à ce concert, t’as pas d’âme, mais faudra quand même peut-être voir un professionnel ! ON A HÂTE !
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