Phoenix à la Route du Rock 2018

Les 5 concerts qu’on a adorés à la Route du Rock 2018

Avec une programmation digne d’un sommaire de Magic, la Route du Rock a offert quatre jours de bonheur pop et rock aux 21.000 festivaliers réunis au Fort Saint-Père. Cinq rédacteurs de notre magazine font partager leurs coups de coeur – et ils n’ont pas eu de mal à se mettre d’accord.

 

1. Phoenix, rois de la pop

“Trop lisse” a-t-on pu entendre ici et là à propos de la programmation de cette édition de la Route du rock. Sans doute les détracteurs pensaient-ils à Phoenix, groupe que certains fans de rock aiment détester. Ça, c’était avant qu’ils ne découvrent la frappe phénoménale de leur batteur Thomas Hedlund, car dès l’introductif J.Boy (tiré de l’ultra cheesy – tendance mozzarella – Ti Amo, 2017), il fallait être d’une sacrée mauvaise foi pour ne pas succomber instantanément à la pop ultime, tellement puissante, des Versaillais le dimanche soir. Quatorze ans après sa précédente venue au Fort de Saint-Père, Phoenix fait désormais figure de mètre étalon dans le registre de la pop tubesque à guitares (inusables Lisztomania, 1901, Lasso et Rome, issus du chef-d’oeuvre Wolfgang Amadeus Phoenix, 2009). Et l’assume joyeusement, entre scénographie flashy, réarrangements inspirés de morceaux (formidable téléscopage du classique Too Young et du mélancolique Girlfriend) et bains de foule généreux de son chanteur Thomas Mars. L’Entertainment – c’est même le nom d’une chanson – hissé au rang d’art majeur. MC

Thomas Mars, chanteur de Phoenix, en forme exceptionnelle à la Route du Rock 2018

 

2. Nils Frahm, le son du samedi soir

Le pianiste et compositeur allemand a livré samedi soir, à l’heure où les night clubbers se libèrent, un set d’une grande intensité qui a conduit la majorité du public à exiger un silence si dur à obtenir en Festival. Sur ses synthés et au piano, habité par ses vagues de sons inouïes sous son béret, Nils Frahm s’est affiché comme un des grands créateurs de son époque. Lire ici notre article en intégralité. NA

Un set comme un état de grâce permanent : Nils Frahm à la Route du Rock 2018.

 

3. The Lemon Twigs, comme des grands

C’est à la fois un lieu commun à leur sujet et la petite histoire qui ficelle bien le produit. Mais la jeunesse des frères D’Addario est absolument fascinante, au regard de leur maîtrise instrumentale et la qualité des shows spectaculaires qu’ils sont déjà capables de donner, à seulement 19 et 21 ans. Dimanche à minuit, les Lemon Twigs ont fait trembler les remparts du Fort Saint-Père, conquis la foule et remporté la palme du concert le plus remuant de cette édition de la Route du Rock. Comme des grands. BP 

Brian D’Addario (The Lemon Twigs) remporte facilement le concours du saut en hauteur à la Route du Rock 2018.

 

4. Jonathan Bree, l’émotion sous les masques

Convoqué au pied levé pour remplacer John Maus au coeur de la Route du Rock 2018, le Néo-Zélandais Jonathan Bree a sidéré une partie du public par son univers singulier, qui le pousse notamment à se produire sur scène grimé d’une combinaison moulante qui lui englobe le visage. Ce n’était pas forcément le moment (en diurne en fin d’après-midi), ni le lieu (un festival), mais c’était une proposition emballante, qui confirme le bien que nous pensons de son troisième album Sleepwalking. JMP

Deux danseuses et un soliste en suspension dans leur univers rétro, mélancolique et immaculé.

 

5. Shame, le brasier permanent

Charlie Steen et Shame ont fait ce qu’ils savent faire de mieux vendredi, après le passage d’Étienne Daho : brûler la foule à coups de guitares énergiques, de chant arraché au dernier tissu des cordes vocales, de bonds et de cascades, comme si les notes ici jouées étaient les dernières. On commence à être habitués : ils se sont révélés sur scène et défendent leur premier album Songs of Praise comme des bêtes. Mais la magie est intacte. A fond, sans temps mort. Jamais. (Les Londoniens ont aussi interprété un inédit). CR

La transe de Charlie Steen (Shame), oreilles grandes ouvertes, à la Route du Rock 2018.

 

Mais aussi…

• Parmi les remarquables concerts sur la plage (Chevalrex, Forever Pavot), l’univers sans guitare de Marc Melia (notre rencontre avec le musicien ici)
• Le set très intense de Marlon Williams en ouverture le jeudi dans la salle de La Nouvelle Vague, et son exceptionnel Portrait of a Man de Screaming Jay Hawkins ;
• Le duo britannique The KVB, l’hiver en été, lors de la même soirée ;
• Le frisson renouvelé des chansons de Grizzly Bear, pile un an après la parution de l’exceptionnel Painted Ruins

Nicholas Angle, Matthieu Chauveau, Benjamin Pietrapiana, Jean-Marie Pottier, Cédric Rouquette

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