The National au Pitchfork Festival en 2017

Nos 7 concerts préférés au Pitchfork Festival 2017

1. The National, les patrons

Toute la programmation de la soirée de jeudi leur avait été confiée. Malgré un bon goût manifeste (Ride, Kevin Morby, This is the Kit…), les Américains de National ont plané sur la concurrence grâce au répertoire de leur récent Sleep Well Beast, réhaussé par quelques classiques, dont Fake Empire entonné à pleins poumons en fin de parcours. Déchaîné au micro, au prix parfois de sa propre justesse, Matt Berninger a transmis son magnétisme à la Grande Halle, remplie de personnes qui étaient venues uniquement pour lui. On a vu des pleurs d’émotion au premier rang.

Leur actualité : The National défend Sleep Well Beast, paru cet été, pour encore trois dates en Europe avant de finir l’année par une tournée nord-américaine. Chronique et entretien dans le #206 de Magic.

2. Andy Shauf, douceur fascinante

Les notes de The Magician, extrait de son excellent album The Party, résonnent à peine dans la Grande Halle de la Villette qu’en un instant, le charme délicat d’Andy Shauf fonctionne sur une foule acquise, presque amoureuse. Sa musique parfois baroque se découvre comme un univers ravissant où chaque élan mélodique impressionne par sa délicatesse. La douce voix du Canadien se pose subtilement sur des accords d’une précision fabuleuse. Son talent de songwriter passe aisément l’épreuve de la scène. Mieux, il l’érige au rang des plus grands orfèvres de la pop.

Son actualité : Son troisième album, The Party est sorti en mai 2016 chez Anti-Records. Il achève ce mois-ci sa tournée au Canada.

3. Moses Sumney, soul-folk extatique

Pendant 45 minutes, le temps a été suspendu à la voix prodigieuse de Moses Sumney, socle inébranlable d’une musique étirée et profonde. Le Californien transforme son chant, le module, part d’un coup dans des aigus à la puissance émotionnelle sidérante. Autour, sa soul-folk touche par son ambition et son côté hypnotique et extatique. Les titres de son album, Aromanticism, ont ébahi les quelques curieux venus assez tôt le premier jour pour apprécier cet artiste unique, à la sensibilité à la fois troublante et attachante.

Son actualité : Moses Sumney poursuit en Europe la tournée la tournée de Aromanticism, sorti chez Jagjaguwar, jusqu’à la fin de l’année.

4. Ride, ça ne s’oublie pas

La présence scénique de Ride est aujourd’hui celle de quadras dans la force de l’âge, élégants, pleins de métier, pros, loin de l’imaginaire véhiculé par les images de leur éclosion dans les années 1990. Mais si Mark Gardener n’a plus tous ses cheveux, la puissance d’un Seagull, ouverture culte de l’album Nowhere, reste intacte et terriblement efficace sur scène. Pulsar, le single sorti la veille de leur prestation, a été interprété sur scène à Paris pour la première fois.

Leur actualité : Ride est de retour en Angleterre pour défendre sur scène Weather Diaries, son premier album en 21 ans, paru cette année.

5. Loyle Carner, rappeur redoutable

Un sample gospel, quelques notes de piano, et Loyle Carner débarque sur scène. En hommage à son beau-père décédé en 2014, il tient durant tout son set un maillot du footballeur Eric Cantona, dont il était fan. Sa voix faite d’accélérations tranchantes rebondit sur des mélodies soul d’une efficacité redoutable comme sur Damselfy. Le Britannique joue sur différentes atmosphères (soul, hip hop, parfois pop) pour magnifier ses envolées lyriques, qu’il étire sur des freestyles ébouriffants. Son concert possède une intensité imparable, en harmonie avec la pureté de son flow et de ses compositions. Aucun doute, ce fan de Manchester United a un avenir radieux devant lui.

Son actualité : Loyle Carner repartira en tournée interpréter les titres de son album Yesterday’s Gone, sorti en 2017 chez AMF Records, l’année prochaine en Australie et en Nouvelle-Zélande.

6. This is the Kit, folk souriante

This is the Kit fait partie de ces groupes dont la bonhomie et la chaleur enveloppent n’importe quelle salle. La voix de Kate Stables procure un frisson de plaisir à chacun des festivaliers de la Grande Halle de la Villette. La folk des britanniques détonne par ses ambiances aériennes à la grâce manifeste. Comme sur leur dernier album, Moonshine Freeze, la formation convainc pleinement et sans réserve. Difficile de ne pas sortir du concert avec un large sourire sur le visage.

Leur actualité : Kate Stables et son groupe ont sorti Moonshine Freeze chez Rough Trade en juillet 2017. Ils sont en tournée en Europe et passeront par Reims le 15 novembre et Lyon le 16.

7. Kevin Morby, puissance pop

De sa voix traînante, empruntée aussi bien à Leonard Cohen qu’à Bob Dylan, Kevin Morby délivre une prestation d’une adresse rare. Passé par des groupes comme Woods ou The Babies, l’Américain déroule les titres de son City Music, sorti cette année, avec une facilité déconcertante et une classe folle. Le compositeur appartient à cette classe de surdoués capables de réinventer la pop en quelques accords géniaux. Puissant et convaincant, Kevin Morby, porté par des morceaux passionnants, s’est imposé comme un immense artiste de scène.

Son actualité : Après avoir sorti cette année City Music en 2017 chez Dead Oceans, Kevin Morby poursuit sa tournée européenne jusqu’à la fin de l’année.

Luc Magoutier et Cédric Rouquette

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