Angel Olsen plonge dans son foisonnant catalogue pour concocter un album splendide, introspectif et fascinant.
Une guitare acoustique en guise d’introduction et une rythmique basique émerge en même temps que la voix unique d’Angel Olsen. D’une justesse retentissante et d’une mélodie imparable, Fly on Your Wall ouvre la porte d’un monde sanctuarisé où l’émanation rencontre le doute. Après l’énorme succès de My Woman sorti en 2016, la songwriter de 30 ans venue du Missouri offre, avec Phases, un album rétrospectif qui s’écoute comme une passionnante succession d’ébauches, de démos, de titres oubliés aux atmosphères brutes et aux effets de production discrets voire minimes.
Cette plongée dans l’intime n’impressionne pas par sa cohésion tant, d’un titre à l’autre, l’environnement change parfois radicalement. Seulement, le talent de compositrice d’Olsen inonde chacune de ces pistes précieuses qui n’ont pas su trouver leur place sur ses trois précédents LP, sûrement à cause de leur singularité. Elles donnent l’impression d’être jouées sur le moment et possèdent l’aura unique des premiers essais.
Au fil des douze titres de ce Phases déroutant mais excellent, l’artiste plonge dans son passé et pose une réflexion sur les différents styles qui ont accompagné sa jeune carrière. Elle se fait brillamment rock sur Sweet Dreams (écrite en 2012) ou magnifiquement folk sur les délicats guitare-voix All Right Now, May as Well ou le bluffant Endless Road où l’ombre de John Baez ne demeure pas loin.
Mais, comme sur My Woman, le disque atteint un sommet prodigieux quand l’Américaine étire le plus possible ses envolées lyriques comme sur le sidérant Special, long de plus de sept minutes. Déstabilisant par sa simplicité et son âpreté, Phases montre de façon vertigineuse les différentes facettes d’Angel Olsen et sa profondeur mélodique. L’impatience est alors grande de découvrir ces b-sides sur scène dans une prochaine tournée, prévue l’année prochaine.
Luc Magoutier