Quelques notes de clavier et des chœurs inhabituellement justes dans le contexte de la pop française avant que ne se fasse entendre la voix d’Éric Javelle, au timbre étonnamment proche de celui de Florent Marchet : J’Ai Plongé Dans Le Bruit ouvre le bal du proverbial difficile deuxième album, après l’inaugural Coline salué en 2012 dans ces pages. Finis les allers-retours pourtant impeccables entre anglais et français pour le groupe parisien au nom trouvé outre-Rhin, absolument tout ici, à l’exception de la parenthèse instrumentale Finalmente et du sample d’un dialogue japonais sur Criminel, est à la portée de nos compatriotes non polyglottes. La production post-shoegaze toute réverb’ dehors (Hivers, où il est question des Mille Éclairs qui donnent son titre à la collection) de Barny Barnicott (Arctic Monkeys, The Rakes) élève ces onze titres au-dessus de l’école traditionnelle d’une certaine ligne claire.
Dans le brouillard de la médiocrité ambiante, le brillant capitaine Javelle secondé par le guitariste Julien Lardé et le batteur Gabriel Vigne, eux-mêmes renforcés à la basse par Jérôme Arrighi et à la trompette par Arno de Casanove (dès L’Échappée), garde le cap à l’image de Depuis Toi, dont la rythmique discrète invoque Kraftwerk ou bien Radiohead. Plus loin, Dis Leur exorcise un constat sans appel (“Comme c’est injuste la trentaine”). Évidemment, pour citer l’extrait emblématique du coup d’essai de Baden Baden qui figurait en bonne place sur la compilation French Pop (2013), si comme dans les films L’Amour Est Un Crime Parfait au risque de blesser à mort l’autre qui vous veut du bien, les quarante minutes de Mille Éclairs éclairent surtout d’une autre façon le trop souvent incompris et malmené credo “fier d’être français”.