On a déjà eu l’occasion d’évoquer Honeydrum, le fabuleux projet du quatuor de New Brunswick (New Jersey). Depuis, la musique de Joseph Black est tombée dans les oreilles de Mike Sniper, l’homme derrière Captured Tracks, et une cassette éditée par le label new-yorkais a compilé quelques-uns des meilleurs titres de cette première formation (Best Of, 2013). Aujourd’hui, c’est au tour de Donovan Blanc, le duo composé des seuls Joseph Black et Raymond Schwab, de recevoir les faveurs de Captured Tracks. Minha Menina est la première ballade hypermnésique extraite de l’album qui paraîtra au moins de juin. Elle n’a que très peu à voir avec la chanson homonyme d’Os Mutantes composée en 1968, mais elle marque une rupture nette vis-à-vis de la lo-fi synthétique d’Honeydrum. Comme dans l’œuvre de leur brillante idole Ariel Pink, il s’agit d’un titre qui couvre près de quatre décennies de pop, de The Association à nos jours. Des guitares finement ciselées, une mélodie faite de langueur et d’étincelles, un romantisme à la grâce délicatement surannée font le charme en apparence simple de cette ritournelle émouvante, drôle et remarquablement cultivée. L’une de celles capables d’assécher la gorge d’émotion tout en perchant la tête dans les étoiles. Il importe ici de démêler l’authenticité de l’artifice. D’ailleurs, le mot de la fin revient à son auteur qui nous affirme : “Cette chanson-là, j’y ai songé dans ma voiture et je l’ai écrite à la hâte en attendant à un stop, sur un gobelet à café. Un jour, je revendrai ce gobelet pour un million de dollars.”
[N.B. Complément d’enquête : Sous Surveillance Honeydrum en 2012.]