Beck – Morning Phase

Même s’il n’a pas exactement chômé depuis la publication de Modern Guilt (2008) – production d’albums pour le compte de Charlotte Gainsbourg ou Stephen Malkmus ; compositions originales pour le cinéma ou les jeux vidéo ; projets collaboratifs au sein de son Record Club ; édition de partitions inédites –, il faut bien dire que Beck avait quasiment disparu de nos radars intimes sur lesquels il avait pourtant pris l’habitude de s’incruster avec plus ou moins de bonheur depuis le début des années 90. Jamais à l’abri d’un paradoxe, le voici donc qui met fin à cette longue période d’abstinence en renouant avec le stakhanovisme musical de ses jeunes années et en annonçant disposer pour l’année à venir de bien plus de matériel neuf que les deux LP déjà prévus ne sauraient en contenir. Dont acte. Faut-il pour autant se réjouir de ce retour en force du petit prince un temps déchu de l’éclectisme pop ? L’écoute de Morning Phase laisse augurer d’une réponse positive. S’inscrivant directement dans le prolongement de l’excellent Sea Change (2002) et enregistrées pour l’essentiel en compagnie des mêmes musiciens – dont Jason Falkner et Roger Manning, deux anciens membres des fabuleux Jellyfish –, ces treize compositions moelleuses déroulent sans accroc l’écheveau de confessions personnelles et imagées dans un décor où alternent les arrangements raffinés de cordes et un dépouillement acoustique plus directement inspiré par les classiques folk rock californiens des années 70. Dans cet ensemble remarquablement homogène auquel ne manque qu’une petite touche d’audace improvisée, on apprécie la divagation poétique et la magnificence orchestrale de Wave tout autant que la limpidité mélodique et rustique de Blackbird Chain. Pas révolutionnaire pour deux sous mais diablement bien maîtrisé.


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