Joseph Ponthus
©Philippe Matsas/Opale/Éditions La Table Ronde

Mort de Joseph Ponthus, malgré sa “fureur de vivre et de survivre”

Les mots de Joseph Ponthus dans "A la ligne - Feuillets d'usine" avaient été mis en musique par Michel Cloup et Pascal Bouaziz en 2020

Emprunter les multiples ponts qui existent entre la littérature et la pop, comme Magic aime le faire, nous a confrontés mercredi à la terrible nouvelle de la disparition de Joseph Ponthus à l’âge de 42 ans. L’écrivain a succombé à un cancer qui lui avait été diagnostiqué cet automne. Il était l’auteur du livre À la ligne – Feuillets d’usine, plongée romancée mais sans filtre, documentée par la trajectoire personnelle de l’auteur, dans l’enfer du travail à la chaîne tel que le XXIe siècle le perpétue en silence

A la Ligne avait été à l’origine d’un des projets rock les plus stimulants de cette année 2020 en pointillé, au cours de laquelle il fut difficile de rendre justice à toutes les œuvres qui le méritaient. Le texte avait servi de support à Michel Cloup (ex-Diabologum) et Pascal Bouaziz (Mendelsson, Bruit Noir…), avec le batteur Julien Rufié, pour un spectacle live accrocheur. Cette carte blanche scénique a pu vivre avant le premier confinement, puis avant le second, avant de se matérialiser sur disque le 11 décembre, avec A la ligne – Chansons d’usine.

Il n’est pas possible de trouver plus juste que les mots partagés mercredi soir sur les réseaux sociaux par Michel Cloup, pour donner corps à l’indicible sentiment d’injustice qui a frappé Joseph Ponthus, sa famille et leurs proches.

Joseph, je suis dévasté, vraiment. J’ai perdu un frère et les frères c’est rare. Joseph, tout est allé très vite mais dès notre première rencontre, j’ai eu l’impression que tu étais en fait un vieil ami que je n’avais pas vu depuis longtemps. Et puis tu sais, ton livre, je me le suis pris dans la gueule, c’est déjà un classique.

Je pense à krystel, à Pok Pok, je pense à tout ce que tu as construit autour de À la ligne, je pense aux copains de l’abattoir. Je pense surtout à toi, ta fureur de vivre et de survivre. Là, maintenant, je suis comme ce soir de novembre dernier où tu m’as appelé pour m’annoncer ta maladie. Et où j’ai raccroché, sonné, triste et en colère. Très en colère. Je continuerai à gueuler tes textes. Je t’embrasse.”

Photo partagée par Michel Cloup mercredi. Joseph Ponthus est à la basse.

L’univers de ces artistes était fait pour se rencontrer, se fracasser les uns avec les autres dans ce mélange de noirceur, de colère, mais aussi de jubilation et de fraternité qui caractérisait leur sensibilités et leur combat. Cloup et Bouaziz ne s’étaient pas contentés de pomper l’énergie brute des mots de Ponthus. Ils leur avaient donné encore plus de force en trouvant leur musicalité.

Publié aux éditions de La Table Ronde, A la ligne a obtenu le Grand Prix RTL/Lire 2019, le Prix Régine Deforges 2019, le Prix Jean Amila-Meckert 2019, le Prix du Premier roman des lecteurs de la Ville de Paris 2019 et la reconnaissance émue de toute une communauté de “popeux” naufragés dans leur époque décidément impardonnable.

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