On connaissait Juan Wauters en fantasque leader de The Beets mariant idéalement l’indie pop, ses versants anti-folk, néo-zélandais et garage. On découvre aujourd’hui l’Uruguayen du Queens en solo, massacrant les cordes en nylon de sa guitare dans un disque de folk à la fois romantique et hilarant. Enregistrées entre 2010 et 2012 avec le principe absolu qui édicte que la première prise est toujours la meilleure, ces douze chansons montrent une nouvelle fois le talent désinvolte de son jeu de guitare et une écriture amusante mêlant la métaphysique, le quotidien et l’absurde – Sanity Or Not et Water en sont deux brillants et évidents exemples. Lorsque Juan Wauters joint sa voix à celle de Carmelle Safdie de Beachniks (l’excellent projet qu’elle mène avec JB Townsend de Crystal Stilts) sur Breathing, on retrouve un émouvant frisson juvénile que l’on n’avait pas éprouvé depuis The Moldy Peaches. En espagnol ou en anglais, il a trouvé la clé de la vérité et de la chanson parfaite. Avec une modestie qui n’a d’égal que son dépouillement, N.A.P. North American Poetry a le mérite de convoquer deux évidences qu’il est nécessaire de rappeler chaque décennie : l’intensité de l’émotion s’accorde souvent mieux avec la simplicité qu’avec la grandiloquence, et l’humour reste l’une des meilleures choses arrivées au folk moderne. Puisse notre jeune génie poursuivre dans cette voie avec la même facilité et ainsi faire des émules du côté de chez nous, où le Llewyn Davis local se regarde bien trop souvent pousser la barbe de trois jours.
/Chroniques
13 février 2014
