Plus de dix ans après ses débuts, le duo californien continue de réinventer ses désirs punk, avec cette fois un soupçon de pop, sur son dernier album, Snares Like a Haircut.
Il se dégage toujours, des albums de No Age, un élan de frénésie couplé à un désir d’expérimentations, mastiqué sous une couche de distorsions à l’intensité excitante. Le duo, Dean Allen Spunt et Randy Randall, triture le punk comme personne, explose son cadre, repousse ses frontières pour sans cesse alimenter une musique toujours vivace et ingénieuse. Sur ce Snares Like a Haircut passionnant et exaltant, les Californiens assument leurs inspirations pop et impressionnent par un sens de la mélodie brut mais aiguisé.
Meilleur exemple de ce nouveau virage, le titre Stuck In The Changer où la guitare claire, légèrement noisy comme toujours, apporte un nouveau souffle, une respiration dans une carrière où les chevauchées abrasives et folles s’accommodaient parfaitement d’une rythmique enflammée et puissante.
No Age ne s’est pas non plus assagi, notamment sur des morceaux toujours aussi courts et redoutables comme Cruise Control, Soft Collar Fad ou Popper. Seulement, le groupe a décidé de construire son quatrième album avec des pics et des accalmies successifs, comme lors d’un concert. Résultat, Snares Like a Haircut subjugue par sa densité, son habileté, sa capacité à se réinventer à l’intérieur même des chansons (Drippy, l’instrumentale Snares Like a Haircut, la profonde Third Grade Rave, ou les deux dernières pistes quasi-envoûtantes Squashed et Primitive Plus).
Cinq ans, après un An Object à l’esthétique dépouillée mais au grouillement furieux, No Age, qui a quitté la maison de disque Sub Pop pour Drag City, agrémente son bruit caractéristique d’une modernité foudroyante et vibrante. Leur punk remue toujours les corps et les coeurs mais réalise une prouesse : adopter une sensibilité mélodique prête à faire chavirer les plus fervents amateurs de pop.
Luc Magoutier