Caribou – Our Love

Comme le messie annonciateur de l’arrivée du soleil au début de l’été, Caribou a jeté un voile d’amour au-dessus de nos têtes en juin avec le single Can’t Do Without You, véritable mantra hypnotique en forme d’ouverture de chakras planétaire. Très joli retour en forme pour Dan Snaith, la tête chercheuse du groupe, qui donne un successeur au déjà lointain Swim (2010). Il faut bien admettre que depuis Andorra (2007), qui glissait progressivement des arcanes de la musique psyché sixties (immense single Melody Day) vers des pulsations plus binaires prophétisant le fascinant groove liquide de Swim, tous les oscillomètres s’affolent à l’approche de nouvelles signées Caribou. Our Love est déjà le septième album de Dan Snaith si l’on tient compte de ses débuts sous l’alias Manitoba et de l’escapade électronique Daphni (Jiaolong, 2012). Un disque très attendu, donc, en particulier par un public littéralement transcendé lors des nombreuses prestations scéniques de la bande. Bonne nouvelle, ces amateurs peuvent enfin être rassurés, Our Love est à la hauteur de tout ce qu’on pouvait espérer.

S’il ne marque pas de transition stylistique majeure par rapport au précédent LP, le Canadien poursuit sa quête de la rythmique idéale à travers une vision oblique de la musique à danser, très loin des formatages, et une signature sonore immédiatement identifiable : la voix de falsetto de Snaith, la fluidité des claviers, et une charge émotionnelle marquée. L’extrait Silver fonctionne complètement sur ce modèle. Our Love, en revanche, est une machine à danser irrésistible en forme de montée en puissance implacable, laquelle est immédiatement calmée par le downtempo de Dive, court instrumental qui introduit Second Chance, interprété par sa compatriote Jessy Lanza. La voix très R&B de Jessy qui tranche avec la beauté en apesanteur des claviers d’un titre presque sans rythmique.

Il faut noter aussi la présence du violoniste surdoué Owen Pallett, déjà entendu sur deux morceaux de Daphni. Avec deux plages de fin particulièrement réussies – dont la magnifique Back Home, où l’émotion explose littéralement –, Dan Snaith dépote un grand disque. Composée en solo dans son studio du nord de Londres, marquée par les images mentales des visages radieux des foules devant lesquelles il a joué et de celui de sa fille qui venait de naître, cette œuvre parle d’amour. La belle affaire, c’est sans doute l’idée la moins originale du monde, sauf qu’il fallait la finesse et l’intelligence de Dan Snaith pour rendre compte de toute la complexité des sentiments, de la difficulté des compromis, de la dépendance affective et de la force des liens. Mission accomplie, Our Love est un roller coaster émotionnel qui parvient à toucher à chaque instant.

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