(Double Six Records/A+LSO/Sony Music)
Malgré l’avalanche perpétuelle de nouveau meilleur groupe du jour, il est très difficile d’oublier la première fois que l’on a entendu Petite Noir. Il y a trois ans sortait de nulle part Till We Ghosts, un véritable OVNI.
Son auteur était déjà bien enclin à développer sa propre patte auto-étiquetée “noirwave” qui – pour faire court – organisait le mariage bienvenu d’une voix caverneuse datée post-punk et la chaleur des rythmiques africaines.
Né en Belgique d’une mère angolaise et d’un père congolais, Yannick Ilunga a passé le plus clair de son temps à Cape Town, en Afrique du Sud, avant d’effectuer des allers-retours à Londres pour la musique. Depuis, il semble avoir trouvé en Double Six, sous-label de Domino, la maison idéale pour l’emmener au bout de ses projets, avec Devonté Hynes en modèle.
Après trois autres EP, Petite Noir a pris tout le temps nécessaire pour peaufiner ses mini-tubes (Best, MDR), bien s’entourer (Oli Bayston du groupe Boxed In est en partie aux manettes), et se permettre un rap en français (La Vie Est Belle/Life Is Beautiful), tout ça sans renier la recette qui fit le succès de ses débuts (Seventeen (Stay)).
Petite Noir tient enfin des nouveaux morceaux au moins aussi forts que son single inaugural, à l’image de l’instantanément addictif et prophétique Down, sur lequel Yannick Ilunga répète comme un mantra : “We’re not going down.”
Si aujourd’hui le mélange apparaît moins révolutionnaire après que des groupes comme Young Fathers ou Algiers soient passés par là, il demeure chez Petite Noir une puissance, un son de guitare reconnaissable et cette voix hantée. À défaut de rester sur sa route, Yannick Ilunga tâche d’en modeler une assez grande pour accommoder tout le monde. Sa seule erreur de parcours pourrait donc bien être grammaticale.