(Murailles Music/Differ-Ant)
S’il est un genre musical qui n’a malheureusement pas survécu sans encombre à la fin des années 2000, c’est bien ce que l’on nommait jadis le math rock. C’est regrettable, mais qui se souvient encore des productions syncopées du label bostonien Skin Graft (Arab On Radar, Melt-Banana, Colossamite, U.S. Maple) ?
Qui espère sincèrement un nouvel album de Deerhoof ou n’a pas oublié l’excellent duo français de fous furieux Cheval De Frise en l’honneur duquel on aurait pu inventer l’étiquette “complexocore baroque” ? C’est sur les ruines de ces deux formations virtuoses qu’Annie Lewandowski (à qui l’on doit un magnifique travail avec Chris Cohen sous le nom de The Curtains et tout un catalogue expérimental) a trouvé ses compagnons (John Dieterich et Thomas Bonvalet) pour mettre en chantier Powerdove, un autre projet de folk pastoral et exigeant.
Malgré l’aisance de ces trois musiciens, aucune volonté de surenchère technique n’effleure un disque paisible et minimaliste. Toute la beauté d’Arrest repose sur l’impression de liberté qui en émane. Le choix des sonorités et des instruments, l’aisance mélodique, le goût de la surprise et des silences… Aucune chance d’avoir écouté une telle curiosité dans les habituels disques d’indie folk lénifiants.
S’il existe des ressemblances, il vaut mieux les chercher du côté de Fursaxa, de la noise de Caroliner, des motets de la Renaissance ou de génies isolés comme Arthur Russell (dont Powerdove reprend la sublime chanson You Can Make Me Feel Bad). Après Do You Burn? (2013), Arrest creuse encore ce sillon peu commun de la musique folk où la sophistication et le dépouillement vont de pair et n’ennuient jamais.