Avec l’album éponyme de Purple Mountains, Egoli d’Africa Express, la réédition du premier album de Suicide, ou ∑(No,12k,Lg,17Mif, un live inédit de de New Order, Magic vous a sélectionné les disques importants qui sortent ce vendredi 12 juillet.
PURPLE MOUNTAINS – Purple Mountains
(Drag City / Modulor)
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Façon journal intime de la catastrophe permanente, David Berman égrène en cavalcades classic-rock les moments les plus misérables de son existence, sentimentaux (She’s Making Friends, I’m Turning Stranger), économiques (Margaritas at the Mall). De All My Happiness is Gone et ses violons synthétiques, à la ballade country Maybe I’m the Only One For Me, Berman conte la lente acceptation de soi, en chansons-confessions désarmantes de sincérité, finalement rédemptrices.Il ravive ainsi l’americana indie-rock la plus basique, où les arrangements sont un tapis (rouleau, prairie) au service de sa voix grave, désabusée, parfois ironique. Un coup de coeur Magic de notre numéro 216.
AFRICA EXPRESS – Egoli
(Africa Express Records)
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Décidément omniprésent, Damon Albarn présente le premier album de son collectif Africa Express, mélange de musiques européennes et africaines né d’un deuxième voyage en Afrique du Sud. Les dix-huit titres d’Egoli, dont l’élaboration n’a pris qu’une semaine, rassemblent de nombreux musiciens des deux continents. À travers ce mouvement culturel, initiateur de concerts d’un côté et de l’autre de la Méditerranée depuis près de vingt ans, se côtoient de nombreux styles musicaux sur Egoli. Une vraie réussite.
SUICIDE – Suicide (réédition)
(Art Of The Album [Mute/BMG])
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La réédition du chef-d’œuvre du duo Alan Vega et Martin Rev a été traitée dans le respect de ses créateurs. Suicide paraît en vinyle avec ses sept titres originaux remasterisés, sans bonus ni fantaisies. La voix d’Alan Vega semble plus incarnée que sur les précédents supports et le tout prend un aspect nettement plus immersif. Le grand album de l’année 1977 retrouve une grâce que peu lui ont accordé, en pleine explosion du mouvement punk new-yorkais.
NEW ORDER – ∑(No,12k,Lg,17Mif)
(Mute / PIAS)
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Pour un groupe longtemps fâché avec la scène, ne plus sortir que des albums live semble paradoxal. Mais New Order n’a jamais été à une contradiction près. Le groupe propose cette fois un concert enregistré en 2017 sur la scène du Old Granada Studios. Là-même où Joy Division avait fait sa première télévision dans l’émission So It Goes. Sorti de ce clin d’œil historique, ce disque a-t-il un quelconque intérêt ? D’autant que le groupe est désormais amputé de Peter Hook ? Eh bien, plutôt oui, de façon surprenante. Un live pas indispensable mais pas inutile non plus.
PENELOPE ISLES – Until The Tides Creeps In
(Bella Union)
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Est-ce de la dream pop ? Est-ce du psych rock ? Non, c’est Penelope Isles, et donc un peu tout ça à la fois. Le premier album de ce quatuor est aussi agréable pour nos oreilles qu’une journée passée les pieds dans le sable de la côte du Sussex. Avec ce fuzz, scintillant comme le soleil dans les vaguelettes, ainsi qu’un chant bicéphale qui semble toujours venir d’une vieille radio, Until The Tides Creeps In est un petit réceptacle de sensibilité post-adolescente, une mer d’émotions musicales.
AVA – Waves
(One Little Indian)
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Sont-ce les violons d’Anna Phoebe, qui maîtrisent une mélodie légère et aérienne ? Ou plutôt les claviers d’Aisling Brouwer, qui marquent en ritournelle le rythme de ces dix titres précieux, à l’esthétique furieusement cinématographique ? Pour son premier album sous le nom d’Ava, le duo fait cohabiter ces deux instruments en les agrémentant de silences nourris et de percussions fugaces. Si l’émotion reste totale tout au long du disque, elle manque à certains endroits de nuance pour atteindre régulièrement les sommets du genre. La prochaine fois sûrement.
THE REED CONSERVATION SOCIETY – EP N°1
(Autoproduction / Inouïe Distribution)
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À l’initiative de The Reed Conservation Society, deux membres de Verone dont le compositeur Stéphane «Oz» Auzenet, doué et discret. Le titre phare de ce bel EP, c’est bien sûr l’épique Concrete qui évoque volontiers les décors de David Lynch. Impossible de ne pas songer à l’influence de Jonathan Richman sur le travail de The Reed Conservation Society. Très agréable découverte !
STEREO TOTAL – Ah! Quel cinéma!
(Tapete Records)
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Depuis plus de vingt ans, Françoise Cactus et Brezel Göring jouent leur pop lo-fi éternellement juvénile, enregistrée avec un Casio, une guitare et un magnéto 8 pistes, et sonnent toujours comme une madeleine de notre adolescence. Leur douzième album ne dépareille pas une discographie où l’hommage a toujours été un moteur à idées. Ah! Quel cinéma! rappelle ainsi Calvin Johnson, The Space Lady ou Telex. Fun et smart.
ATTARAZAT ADDAHABIA & FARADJALLAH – Al Hadaoui
(Bigwax Distribution / Habibi Funk)
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Une histoire à peine croyable. La radio Martiko a retrouvé il y a quelques années dans les archives poussiéreuses du label Boussiphone une bande intrigante avec pour seule étiquette : «Faradjallah», groupe marocain formé en 1967, passé sous les radars et aujourd’hui exhumé par les pionniers d’Habibi Funk. Sur ces sept titres du premier chapitre des musiciens Attarazat Addahabia et du chanteur marocain Abdelakabir Faradjallah, le gnawa traditionnel de l’Empire chérifien se love dans les guitares électriques et leurs tonalités funky sur le titre Albaki.
Blood Orange – Angel’s Pulse
(Domino Records)
Devonté Hynes, alias Blood Orange, nous dévoile Angel’s Pulse, sa nouvelle mixtape, épilogue de son album Negro Swan, paru en août 2018. Totalement auto-produite, de la composition au mastering, le génial Londonien invite un casting cinq étoiles qui réunit notamment Toro y Moi et Porches. Un petit bijou de bedroom r’n’b.
Dope Lemon – Smooth Big Cat
(BMG Rights Management)
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Angus Stone continue de se dévergonder en l’absence de sa soeur Julia. Sous le nom explicite de Dope Lemon, le cow-boy signe aujourd’hui un deuxième album en forme de recueil de ballades mid-tempo et de ritournelles sous emprise. Entièrement confectionné dans son ranch australien, ce disque sous substances monte à la tête. Mais l’effet grisant est inégal au long de ses dix morceaux.