On aura retenu de la 46e édition des Transmusicales et de cette abondance de découvertes trois groupes de rock qui ont dépoussiéré le genre et nous ont donné de l’espoir. Home Counties, Us et Yard.
Les Transmusicales, c’est LE festival qui offre la garantie d’en revenir en ayant découvert les groupes dont tout le monde parlera bientôt. Jean-Louis Brossard, à la programmation, s’applique depuis un paquet d’années à prescrire les révélations avec un flair sans précédent. Il aura su être parmi les premiers (parfois même le premier) à programmer en France des artistes dont la renommée est aujourd’hui inégalable. Il aura été derrière les premières dates françaises de Nirvana, Pavement, Suicide… Pour cette 46e édition qui a eu lieu du 4 au 8 décembre 2024, 80 artistes sont venus de 40 pays différents. On aura retenu de cette abondance de découvertes trois groupes de rock qui ont dépoussiéré le genre et nous ont donné de l’espoir. De jeunes personnes qui tordent le cou aux prédictions et explorent la musique à guitare d’une manière des plus excitantes. On oublie donc l’électro : danser sur du rock à 4H du matin, ça le fait carrément, et pour un public de tout âge. On gardera un œil sur ces groupes qui nous font penser qu’ils seront les prochains à connaître le succès.
Home Counties
Pas tout à fait nouveau ce groupe, après deux EPs post-punk aux riffs lourds et au spoken-word à la Pavement. On en avait déjà entendu parlé mais ils sont arrivés à Rennes en proposant une nouvelle formule et l’ajout d’une nouvelle recrue au chant (Lois Kelly). Le résultat est flagrant en entrant dans le hall 8, le sextet s’est transformé en un party band sous dopamine quelque part entre The Talking Heads, LCD Soundsystem et Metronomy. Quand la dance-pop se mélange à la synthpop et au disco-punk, c’est joyeux et énergique. Ils n’oublient pas pour autant d’égrainer quelques riffs nerveux et infectieux pour électriser les corps. Le public est appelé à danser sans vergogne sur des thématiques contemporaines sans en être bien conscient. Derrière les ooh, les la et les toplines accrocheuses se cachent des paroles évoquant difficultés financières, éco-anxiété, élitisme, angoisses sociales, propriétaires abusifs, isolement ou encore sortir en club quand on a passé les 25 ans… En voilà un groupe marqué par et marqueur de son époque. Un peu de fraîcheur dans l’océan de proposition de formation de rock aux sonorités plus sombres.
Us
Sur la scène du hall 4 de jeunes hommes tirés à quatre épingles, façon vintage, comme s’ils venaient tout droit d’un road-movie des sixties. À peine la vingtaine, ils semblent avoir traversé la Manche et venir du Royaume Uni, mais s’avèrent finlandais d’Helsinki. Jamais entendu ce nom, ni ces compositions et pourtant déjà six sets à Glastonbury cette année et les premières parties des Libertines derrière le groupe US. La formule opérée est percutante : une sorte de pop solaire empreinte de garage, de rockabilly, de punk et de blues. Un ensemble chargé des bons effets, de cascades de guitares, mais aussi de claviers et d’un harmonica. Côté 1960s on pense aux Jets, aux early Beatles, aux Rolling Stone période bleue et aux Kinks. Côté 2000 on pense à The Hives, Razorlight et les Arctic Monkeys. Tout ce qu’on aime. C’est généreux, fougueux, rebelle et insouciant. Des morceaux torpilles, rapides et vigoureux racontent avec éclat les émois de la jeunesse. Simple and straight.
Yard
Direction hall 4. De ce groupe, on ne connaît rien non plus, mais la première impression est intense. La performance scénique est terriblement mystérieuse et parle d’elle-même. Besoin de peu pour hypnotiser et galvaniser la foule lorsqu’on propose un post-punk, électro, noisy qui flirte avec le grunge. Des Irlandais évidemment. Du nom de YARD. Des machines, des guitares abrasives, trois musiciens qui offrent un live empli de tension. La bonne dose d’inquiétant et d’incisif, quelque part entre Suuns, Death Grips, Jessica 93, Working Man’s Club. Une expérience sensorielle moite des plus immersives du week-end.