San Fermin – Jackrabbit

(Downtown/A+LSO/Sony Music)

Révélé il y a deux ans à peine par la grâce inattendue d’un premier LP dévastateur, Ellis Ludwig-Leone se devait donc de donner une suite attendue aux magnifiques promesses entrevues sur San Fermin (2013). Une tâche forcément délicate et dont le jeune fan de Ben Folds se tire avec les honneurs.

À la fois plus sombre et plus ambitieux encore que son prédécesseur, Jackrabbit apparaît comme une succession de quinze tableaux musicaux composites et très contrastés où les orchestrations classiques, riches et denses, parfois à la limite de la dissonance, alternent avec des climats plus posés et plus urbains. Respectant une parité quasi parfaite, les chansons sont tour à tour interprétées par Allen Tate, Charlene Kaye et Rebekah Durham.

Au fil de cette succession mixte se construit un équilibre harmonieux entre des titres où le baryton de Tate fait merveille et qui semblent tout droit sortis du répertoire de Smog ou The National (The Woods ou Woman In Red, qui n’a heureusement rien à voir avec la Lady de la même teinte chère au cœur de Chris De Burgh), et d’autres morceaux plus ouvertement expressionnistes et arrangés qui évoquent l’univers de St. Vincent (Ladies Mary, Parasites).

Tout aussi à l’aise dans les deux registres, Ludwig-Leone parvient presque tout du long à tenir une barre ferme, évitant de justesse l’écueil de la schizophrénie. Il signe au passage un album à peine moins inépuisable que le précédent.

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