Avec Providence de Shannon Wright, Altid Sammen d’Efterklang (l’un et l’autre coups de cœur Magic) ou A Picture Of Good Health de Life, Magic vous a sélectionné les disques importants de ce vendredi 20 septembre.
SHANNON WRIGHT – Providence
(VICIOUS CIRCLE)
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Cela faisait longtemps que Shannon Wright songeait à faire un tel disque, qu’elle imaginait affranchi de l’électricité des guitares, de l’orage des percussions, du grondement des basses – qu’elle aspirait à se retrouver seule au piano. Voici donc ce disque, Providence ; il est exceptionnel. Les mots qu’y chante Shannon content une histoire douloureuse, celle d’un amour qui échoue, d’une relation qui se meurt, de deux chemins qui se séparent. La musique, ici, revêt ses habits éternels : ceux des ritournelles que l’on se chante pour combattre la peur et se donner du courage pour aller se mêler au monde.Et quand les mots viennent à manquer, ce sont les doigts de Shannon sur le piano qui prennent le relais et tentent de se frayer un chemin vers une sortie lumineuse – toute plante ne progresse-t-elle pas opiniâtrement vers les lueurs, malgré tout ? C’est un coup de cœur Magic.
EFTERKLANG – Altid Sammen
(BEGGARS)
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Le 28 février 2014, les Danois d’Efterklang donnaient un «concert final» à Sønderborg, la petite ville qui les a vus grandir. Une célébration en forme d’apothéose – avec l’Orchestre Philharmonique du Sud Danemark, une chorale et quelques anciens collaborateurs du groupe – pour fêter dix ans de carrière, quatre albums et la fin d’une tournée mondiale. Le film de ce concert montrait un groupe à son apogée : brillant, exubérant, joueur, inventif et pointilleux. Cinq ans plus tard, et sept ans après leur dernier album (Piramida, 2012), certains de ces adjectifs sont toujours valables et d’autres viennent compléter la liste des qualificatifs laudateurs : onirique, élégant, apaisé, bouleversant… On ne se refait pas. Mais on peut se réinventer. C’est un coup de cœur Magic.
LIFE – A Picture Of Good Health
(SUB POP)
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«Politique et personnel», les adjectifs choisis par le chanteur Mez Green, symbolisent l’ambivalence d’une musique colérique et éruptive. La comparaison entre les gars de Hull et Idles fonctionne aux premiers abords. Mais si les seconds peuvent épuiser par leur force herculéenne, l’inventivité des premiers les rapproche de groupes plus ingénieux et prometteurs comme Shame ou Pottery.
SAMIR BARRIS – Fin d’été
(STAKHANOVA)
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Chanter les poètes est un exercice casse-gueule. Mais Samir Barris en a l’habitude et ses propres compositions (les très jolis Le fil, Mal armé ou Les mots retrouvés) rivalisent aisément avec ses adaptations audacieuses et réussies de Ronsard, Hugo et Verlaine. Façon variété-pop aux soupçons de jazz, il évite l’écueil de la platitude et illumine des textes qui pourraient se passer de musique en d’autres circonstances.
EKO & VINDA FOLIO – Therapy
(TALITRES)
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Eko & Vinda Folio sera notre première incursion dans la scène musicale de ce petit pays du Caucase qu’est la Géorgie. Erekle Deisadze (chant) et Temo Ezugbaia (guitare) nous offrent dans Therapy un soyeux mélange de dream-pop et de cold-wave, teinté d’une pointe de romantisme et de mélancolie postsoviétique. La nouvelle pioche magistrale, à l’Est, du label bordelais Talitres.
FRESCHARD – On Fire
(WIAIWYA)
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Pépite en liberté de l’indie pop européenne depuis une dizaine d’années, la Française (Clémence) Freschard livre, avec On Fire, le disque le plus hors-saison de la rentrée. Frais comme s’il avait été enregistré dans l’insouciance du printemps 1966, il distille un charme inouï et addictif qui doit finalement assez peu à son accent français à couper au couteau. Chauds chauds bouillants à chaque écoute d’On Fire.
JOE ARMON-JONES – Turn To Clear View
(BROWNSWOOD RECORDING)
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Diplômé du conservatoire, Joe Armon-Jones, fer de lance de la nouvelle vague jazz britannique (avec quelques autres) ne cesse de se défaire des règles académiques pour s’attribuer une grande liberté dans sa composition et la fusion des genres. Des bouts d’afrobeat, de neo-soul, de rap et de R’n’B se glissent tout au long de cet album fluide aux arrangements fins.
RIVER INTO LAKE – Let the Beast Out
(HUMPTY DUMPTY RECORDS)
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Aperçu à la batterie de Girls in Hawaii, Boris Gronemberger revient à la composition après cinq ans d’absence. Si son groupe d’indie pop V.O. se nomme dorénavant River into Lake, reste que l’on retrouve les structures savantes qui caractérisaient la première partie de carrière de la formation belge. Complexe, mais jamais lourdingue. La voix de Boris touche, l’univers berce, son goût est impeccable. Ne lui manque plus qu’un grain de folie. En concert ce vendredi soir à l’International (Paris)
PAOLO SPACCAMONTI – Volume Quattro
(ESCAPE FROM TODAY / DUNQUE)
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Le Turinois Paolo Spaccamonti est à l’Italie ce qu’Olivier Mellano est à la France: un guitariste assez doué et créatif pour faire sonner son instrument comme on ne l’entend jamais, ou trop rarement. Ce Volume Quattro est un disque assurément expérimental mais d’une très grande puissance. Une musique d’éclaireur pour temps sombres.
GIANT SAND – Recounting the Ballads of Thin Line Men
(FIRE RECORDS)
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Howe Gelb continue d’explorer l’impressionnant catalogue de son groupe Giant Sand après l’hommage-anniversaire à l’album Valley of Rain. Et, comme pour le précédent, la bande de Tucson décide de se réapproprier ses vieux titres. Plus qu’un dépoussiérage, ce nouveau disque des Giant Sand tend des liens entre le passé et le présent en annonçant la postérité radieuse d’un groupe essentiel.
TVAM – Psychic Data
(PSYCHIC DATA RECORDS / BIG WAX)
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Beats saturés, riffs de guitare pleins d’écho et voix traînante : Psychic Data pose les bases d’un premier album explosif. Venu de la banlieue de Manchester, TVAM propose une musique mutante, mélange de post-rock anxiogène et de néo-psychédélia langoureux. On pense parfois à un Jagwar Ma sous stéroïde, plus sombre, plus radical que ce lointain cousin australien.
LIAM GALLAGHER – Why Me? Why Not.
(WARNER) •••°°°
Deux ans après la sortie d’As You Were, et dix après la fin chaotique d’Oasis, l’enfant terrible de l’Angleterre revient avec un second album solo au ton dur et quasi-révolutionnaire, proche de ce que l’on pouvait entendre dans le Dig Out Your Soul de 2008.
FOALS – Everything Not Saved Will Be Lost (Part 2)
(WARNER) ••••°°
Après le très acclamé Everything Not Saved Will Be Lost (Part 1), sorti en mars, qui lorgnait du côté de la new-wave avec des sonorités dansantes, Yannis Philippakis annonce que la deuxième partie du puzzle sera quelque peu différente : Du rock, avec un grand R.
PERIO – Icy Morning In Paris (Réédition)
(OBJET DISQUE)
L’album figure parmi les neuf pépites de l’année 1994 que nous avons sélectionnées pour illustrer notre article sur cette rentrée bénie, dans le numéro 217 de notre bimestriel. Icy Morning in Paris, premier album de Perio, fait partie des pioches exceptionnelles de feu-Lithium. Le label Objet Disque proposera vendredi la réédition de cette pierre précieuse, assortie de sept inédits qui dormaient sous forme de cassettes dans les cartons d’Eric Deleporte. Enregistrées pour la plupart un an avant la sortie du disque, elles documentent de façon émouvante un album que nous n’aurons jamais gardé très loin de nous au cours de toutes ces années.
NILS FRAHM – Encore 3
(ERASED TAPES)
Avant la sortie de All Encores, le 18 octobre, Nils Frahm dévoile un nouvel EP annonciateur Encore 3. Ce dernier volet est une porte ouverte sur l’amour du musicien allemand pour les sonorités électroniques et les boîtes à rythme.
Mais rien ne vous empêche d’écouter aussi les autres sorties du jour :
Fly Pan Am – C’est ça (Constellation)
Mauvais Oeil – EP Mes Nuits de Velours (Entreprise/ALSO)
Chastity Belt – Chastity Belt (Hardly Art)
Various Artists – Studio One DJ Party (Soul Jazz Records)
Frank Flower – Florist EP (BMM Records)
Rev Rev Rev – Kykeon (Fuzzclub)
M83 – DSVII (Naïve)
Sir Was – Holding On To A Dream (Memphis Industries)
Mudhoney – Morning in America (Sub Pop)
Anna Ternheim – A Space For A Long Time (CNTCT / BMG)
Vivian Girls – Memory (Polyvinyl)