Les groupes immenses font parfois des sauts de géant. C'est le cas de Slowdive qui, après une pause de vingt-deux ans, vient d'en laisser s'écouler six de plus entre son disque du come-back ("Slowdive", 2017) et ce "everything is alive" nouveau. Rachel Goswell (guitare/voix) et Christian Savill (guitare) nous ont dit quelques mots sur leur processus créatif et leur endurance. Avant-goût d'un entretien version longue à paraître prochainement dans nos pages...
On pourrait finir par croire que vous adorez les come-back, non ?
Rachel Goswell : Je ne pense pas que cet album soit un come-back, en réalité. C’est plutôt : «On l’a enfin terminé, ça nous a pris six ans…». Mais il y a d’abord eu la tournée pour Slowdive (2017), qui nous a occupés pendant deux ans, puis les deux ans de Covid… On avait décidé de prendre un peu de vacances en 2019 puisqu’à l’époque ça faisait presque cinq ans qu’on n’arrêtait pas, entre sessions studio et concerts. Ça devait être une pause d’un an, en famille. Mais Neil [Halstead, guitare/voix], qui voyage beaucoup, a profité de ce laps de temps pour commencer à chercher des idées pour ce disque. Il prend beaucoup l’avion, et s’enregistre sur son ordinateur pendant le vol. Ses premières ébauches datent de… 2018 ? La seule chose qu’on sait de lui sur cette période, c’est qu’il y avait constamment un logiciel de MAO actif sur son PC !
Alors que la presse musicale des années 1990 vous prédisait l’oubli et la désolation, vous êtes là, trente ans plus tard, avec un cinquième album… Vous voyez ça comme une revanche, un peu ?
Christian Savill : Un peu plus tôt, nous discutions justement du fait que la presse musicale britannique nous semblait avoir pour seul but de créer une scène, de vendre du papier grâce à elle, de la détruire, de vendre du papier grâce à elle, d’en créer une autre et de répéter le cycle. Les groupes de l’époque, dont nous faisions partie, n’étaient pour eux qu’une victime collatérale.
Rachel : Certains de ces groupes ne s’en sont jamais remis. N’ont jamais réussi à revenir.
Christian : J’entendais des gens dire : «Si le groupe est bon, ils survivront à ça». Eh bien, on peut dire qu’on a survécu. Il nous fallait juste une «petite» pause ! Une pause de vingt ans (rires).
Vous revenez en 2014, vous faites pas mal de dates comme vous le disiez plus tôt, et vous sortez l’album Slowdive en 2017, qui semble pas mal influencé par ces concerts. Pour everything is alive, êtes-vous revenus à une approche davantage studio ? Traditionnelle ? Ou est-ce que le live reste un moteur d’inspiration ?
Christian : Neil, comme je le disais plus tôt, est toujours en train d’écrire, de composer. Et il ne s’arrêtera pas avant d’avoir 90 ans !
Rachel : Quand le processus créatif a réellement commencé pour le groupe, il avait une quarantaine d’idées concrètes. Des ébauches de morceaux, mais aussi des chansons quasiment complètes. shanty et chained to a cloud sont les deux premières que nous avons bouclées. Neil voulait être un peu plus électronique sur cet album.
Christian : Même s’il est à sa source, le disque reste quand même un disque de Slowdive. On a tous eu le droit d’apporter notre opinion, notre touche personnelle. Mais pour en revenir à ta question, je ne sais pas si le live a eu un grand rôle à jouer dans everything is alive. Les chansons seraient quand même arrivées à nous.
Rachel : Je pense que ce qui a inspiré Neil, c’est son relatif ennui des guitares…
Propos recueillis par Dorian Pike & Jules Vandale
Notre chronique d’everything is alive est à lire ici.