Alberto Trovato (chant, guitare, piano)
Stefano Fiori (guitare)
Giorgio Berti (piano, chœurs, synthétiseur)
Michele Leonetti (batterie, percussions)
Gabriele Nisi (basse, percussions)
OÙ ?
Milan (Italie)
QUOI ?
À l’origine, Jurij Gagarin est pensé par le seul Alberto Trovato. Fasciné par le cosmonaute soviétique, il en fait “son alter ego dès 2011, pensant que ça me permettrait d’écrire des choses plus intimes sans me sentir embarrassé”, nous confie le Milanais. En 2012 paraît un premier EP mais Alberto ne l’assume guère. “Ce n’était pas vraiment la même formation. La première répétition en tant que Jurij Gagarin remonte à février dernier.” Dans la bande, les albums de chevet sont épars (Black Flag, Michael Jackson, Miles Davis, Television) mais Alberto tient à citer les Suédois de Testbild! et l’Italien Lucio Dalla. D’ailleurs, ces pop songs très narratives sont chantées dans la langue d’Antonio Gramsci. “Une langue complexe, peu adaptée aux couplets traditionnellement courts de la pop anglaise. J’aime marcher sur ce fil très fin qui sépare le chant du spoken word”, explique le commandant de bord.
DERNIÈRE SORTIE
Lâché sur la Toile à prix libre en juillet dernier, EP #2 contient trois chansons luxuriantes et sophistiquées, fruit d’un “groupe de studio”, précise Trovato. Comparant une romance à un sous-marin nucléaire, Il Sottomarino Nucleare hésite entre indie rock toutes guitares dehors et passages rêveurs aux pianos trempés. S’inscrivant dans l’héritage transalpin, Jurij Gagarin reprend également Summer On A Solitary Beach de l’inclassable Franco Battiato (La Voce Del Padrone, 1981).
TUBE ABSOLU
Mâtinée de bossa-nova, la pop song Marina renvoie immédiatement aux Ibères de Le Mans. Le songwriter en chef avoue ne pas connaître, mais cite volontiers Joao Gilberto, Antonio Carlos Jobim et Caetano Veloso. Soufflant le chaud et le froid, alternant passages veloutés et envolées pétaradantes, ce titre s’interroge autant sur les sentiments que sur l’écriture d’une chanson (le tout sur fond de troisième guerre mondiale !) et constitue la plus belle carte de visite de ces singuliers Italiens.
FUTUR CONDITIONNEL
Incertain. D’une part, Milan est un désert culturel (selon Alberto). De plus, l’Hexagone a toujours snobé la pop italienne (selon nous). Mais en plus, il faudra faire preuve de patience. “Cet été,Giorgio, Gabriele et Michele se sont tirés en Chine pour sillonner les clubs du pays durant six mois et jouer des standards jazz”, explique Alberto. “En attendant, je continue à composer et enregistrer. On a déjà dix ou quinze nouvelles chansons. De quoi faire un album. Mais quand ?” Bonne question. En attendant, on usera EP #2 jusqu’à la corde, aussi numérique soit-elle.