Sauvé de l’oubli par A Girl Like You, hit aussi improbable que revigorant, le vétéran Edwyn Collins a renoué avec un succès qui le fuyait depuis… 1982. Quelques quatre ans après ce tour de passe-passe, l’un des artistes le plus furieusement indépendant et iconoclaste de Grande Bretagne revient avec un album splendide, déroutant et imparable, le pertinemment intitulé I’m Not Following You. En s’aidant de l’alphabet, l’Ecossais nous raconte son incroyable histoire.
ARTICLE Christophe Basterra
PARUTION magic n°16
A Girl Like You
Je n’avais jamais osé penser que ce morceau puisse remporter un tel succès… A l’époque, à l’automne 94, Setanta était vraiment un label minuscule, il n’y avait aucun moyen marketing. Et puis, il y a eu cet effet boule de neige : la France, la Belgique… En 95, c’est vraiment devenu un hit, même en Grande Bretagne, tant et si bien que deux ans plus tard, en 96, j’en assurais toujours la promotion : je suis entré dans le Top 5 à Singapour, en Corée, en Malaisie et j’ai même été numéro 1 aux… Philippines ! Là-bas, c’était incroyable : tout le monde est corrompu. (Rires.) J’ai fait la une des journaux télévisés, toute la presse était là à mon arrivée, j’ai été exempté de contrôle à la douane. Je me suis un peu senti l’équivalent des Beatles ! (Sourire.) Mais ce succès m’a surtout permis de renforcer mon autonomie : j’ai mon propre studio maintenant, Keith Cullen (ndlr : le boss du label) me laisse faire tout ce que je veux. Aujourd’hui, je suis dans une situation idéale.
Britpop
Je crois que c’est propre à la Grande Bretagne, cette obsession pour le passé, pour une époque dorée et révolue. Sincèrement, je n’aime pas beaucoup Blur, mais c’était très intelligent de se créer cette image britannique en pleine vague grunge. Bien sûr, le groupe ne savait pas que ça allait prendre de telles proportions. Aujourd’hui, il ne se passe une semaine sans qu’on te présente la nouvelle sensation britpop. Ce qui est inquiétant surtout, c’est que cela va de paire avec une résurgence nationaliste dangereuse… Ces groupes ne m’intéressent pas beaucoup même si je reconnais que Oasis, Pulp ou Blur ont quelques morceaux intéressants. Mais, ça n’a eu aucune influence sur mon travail. Contrairement au Dummy de Portishead, que j’ai trouvé assez révolutionnaire dans son approche de la production…
Cologne
C’est là bas que j’ai enregistré mon premier album solo, Hope & Despair. J’y suis resté deux ou trois mois, avant d’y retourner pour enregistrer des faces B. C’était amusant mais je ne comprenais pas grand chose : je parle encore moins bien l’allemand que le français ! Lorsque Roddie Frame et les musiciens étaient là, ça pouvait aller mais lorsque je me retrouvais seul, je n’étais toujours très à l’aise. Ceci dit, Hope And Despair reste un bon souvenir : c’est un bon disque même s’il correspond un peu à ma phase “dad-rock”… (Rires.) Mais il m’a permis de me rappeler au bon souvenir de la Grande Bretagne où la presse a été très positive. En France également, d’ailleurs. Ça a montré que cinq après la séparation de Orange Juice, j’étais toujours en vie.
Dernier Disque en Date
J’ai enregistré I’m Not Following You entre juin 96 et février 97 mais j’ai eu plein de choses à faire en même temps : la production du nouvel album de Robert Forster, la musique d’un film sur l’Ecosse. Je n’avais plus une minute à moi, pas le temps, ni l’envie de sortir, j’étais complètement absorbé par tous ces boulots… L’enregistrement de l’album était vraiment intense. Sur la plupart des chansons, il n’y a que moi et Sebastian Lewsley. Il m’a aidé à produire, il a réalisé la plupart des programmations. Parfois, on a enregistré avec un groupe, des gens qui jouent souvent avec moi comme Claire Kenny ou Paul Cook. Mais c’est la première fois que j’utilise autant de programmations sur l’un de mes disques. Sur Gorgeous George, j’avais commencé mais c’était moins omniprésent : je n’avais pris que neuf semaines pour l’enregistrer, c’était donc un disque plus enregistré en live avec un embellissement studio après coup. Cette fois ci, j’ai réalisé un disque de studio auquel j’ai ajouté un enrichissement live. On trouve un mélange de toutes les technologies : des micros des 60’s, des effets des années 70, des boites à rythmes des 80’s ou des samplers d’aujourd’hui : c’est sans doute pour ça que le résultat est un peu plus expérimental et me satisfait d’autant plus, surtout au niveau des arrangements.
Ecosse
J’habite à Londres depuis 1982. Mais ma mère vit toujours en Ecosse et je vais lui rendre visite deux ou trois fois par an. D’une certaine façon, je pense que mon origine peut avoir une influence sur ce que je fais. Mais, contrairement à moi, beaucoup d’Ecossais sont très ambitieux. Il y a eu tous ces groupes du genre Hue & Cry, Love & Money, Hipsway dans les années 80 qui ont surgi presque ex-nihilo, sans avoir aucune crédibilité mais en bénéficiant du travail que le label Postcard avait réalisé, en donnant une image à une scène musicale écossaise moribonde. Mais les autres étaient juste obsédés par le succès commercial. Je ne pense pas avoir été carriériste, pas dans ce sens là en tout cas. Je suis fier quelque part d’être écossais même si la résurgence de tous ces sentiments nationalistes sont inquiétants. Mais j’aime bien vivre à Londres : son melting pot est un peu le dernier vestige du “glorieux” Empire britannique. De toute façon, j’ai toujours considéré Londres comme ma capitale, au même titre que Edimbourg : il ne faut pas oublier que cette ville a été construite ou reconstruite par des Ecossais, des Australiens, des Hindous… C’est autant ma capitale que n’importe quel Londonien pure souche.
The Fall
Mark E. Smith enregistre dans mon studio actuellement et… il est complètement fou ! (Rires.) Pour moi, vu la façon dont il joue avec la langue anglaise, il est comme un sémiologue, une sorte d’étrange poète post-moderne. Bien sûr, ses textes sont la plupart du temps inintelligibles pour quelqu’un qui ne comprend pas son accent de Manchester et c’est pour cela sans doute qu’il n’a pas le profil international qu’il mérite. Il voulait voir mon studio car j’avais eu un article dans l’un de ces magazines spécialisés et il aimait le son de A Girl Like You. Quand il est passé, j’étais en train de travailler sur 70’s Night, l’un des derniers morceaux que nous ayons enregistré pour I’m Not Following You. J’avais des idées de paroles mais j’en étais pas satisfaites. La façon dont il chante est parfaite, complètement à l’opposé de cet espèce de pastiche funk-disco des 70’s. c’est la musique qui était populaire quand j’avais quatorze ou quinze ans et forcément je l’ai assimilée. J’aime cette opposition de styles musicaux, un peu comme Beck sait le faire parfois. Il est important pour moi de tenter de nouvelles choses. En termes de marketing, il serait certainement plus intéressant que je me cantonne à un seul et même style. Mais c’est plus fort que moi. Je n’ai pas envie de faire album tout électronique ou un disque purement rock. Moi, j’ai envie d’être un peu entre les deux, je veux suivre ma propre voie…
Godard, Vic
Oui, je m’y attendais à celle-là… (Sourire.) On vient de terminer l’enregistrement d’un nouvel album de Vic, un disque à l’ambiance très music hall d’après-guerre. Le résultat est très excentrique mais vraiment bien. Geoff Travis (ndlr : fondateur du label Rough Trade et manager de Pulp) l’a financé. Vic a toujours eu une influence énorme sur moi, surtout au début d’Orange Juice. Il a touché à tant de genres différents… Le punk, le jazz, la pop, le swing. Il a tout fait avant tout le monde ! Cette année, aux Etats Unis, va sortir une compilation intitulée Loungelapalooza sur laquelle des artistes “alternatifs” comme PJ Harvey ou moi-même reprennent des classiques lounge alors que des artistes lounge vont proposer leur version de groupes actuels, du style Tony Bennett en train de reprendre un morceau de… Soundgarden ! Mais Vic, lui, enregistrait un album lounge en 1981 ! Il a un talent incroyable, il s’est toujours refusé à la facilité. Avec Subway Sect, en 1978, il était déjà impressionnant. John Peel a affirmé que leur session est celle qui a eu le plus d’impact auprès de ses auditeurs, bien plus que celles du Clash par exemple. Mais Vic s’en moquait éperdument. Il n’a jamais voulu avoir du succès, je crois que ça ne l’a jamais intéressé…
Hellbent On Compromise
Avec le recul, je n’aime pas trop ma façon de chanter, ni certains arrangements sur ce disque. Mais je tenais avant tout à m’éloigner du côté dad rock de mon album précédent. Je m’étais essayé à la programmation mais le résultat est assez faible. (Rires.) J’aime bien des morceaux comme Everything And More ou Graciously. C’était une époque assez pénible : mon grand-père était décédé juste après la sortie de Hope & Despair, c’est lui qui m’avait élevé puisque mon père nous avait quittés quand j’avais 14 ans. Hellbent… est sans doute le plus faible de mes quatre albums solo… Non, ce n’est pas pour ça que j’ai disparu de la circulation ensuite. Après, je suis allé au Japon pour la première fois de ma carrière, j’ai donné quelques concerts en Europe, fait un peu de production, entre autres, un album, celui de A House… Et puis je me suis occupé des rééditions d’Orange Juice sur Postcard, j’ai commencé à m’acheter du matériel et à aménager mon studio. Et voilà, début 94, tout était prêt pour mon grand retour… (Sourire.)
Ironie
Avec le punk, la notion d’anti-idolatrie était devenue importante : il fallait être capable d’avoir une certaine distance critique par rapport à ce que tu faisais. C’est sans doute pour cela que l’ironie a souvent été présente dans mes chansons, c’est sûr, contrairement à U2, par exemple, qui n’a découvert cette notion qu’après Rattle And Hum. En quelque sorte, en Grande Bretagne en tout cas, le punk a “déconstruit” le rock & roll. Je me rappelle avoir vu Subway Sect et The Slits dans un club : ils étaient minables techniquement, mais l’impact était immédiat. C’était ça le rock ‘n’ roll de ma génération… Dans Adidas World, il est juste amusant de constater que ces chaussures qui, un temps, symbolisaient l’esprit cool sont devenues une mode de masse… Pour Campaign For Real Rock, je voulais juste demander où se trouve la véritable réalité… Il existe par exemple le mythe Springsteen, le dernier rocker authentique, alors que c’est son manager, Martin Landau, qui a tout inventé…
Jarman, Derek
C’était vraiment une personne adorable… Je l’ai rencontré par l’intermédiaire d’un ami, le journaliste John Savage. C’est lui qui nous avait conseillés de faire appel à lui pour tourner une vidéo de Orange Juice. En 1984, la vidéo était encore un outil neuf, où la surenchère semblait essentielle. Alors, quand on est arrivé avec notre projet filmé en Super 8, les gens de Polydor ont bien failli s’étrangler ! (Rires.) Je n’étais pas vraiment un de ces amis. La dernière fois que je l’ai vu, c’était par hasard, dans un café de Soho, juste avant qu’il ne meure.
King
En fait, c’est surtout la presse qui n’a cessé de me comparer à Presley. Même si je l’aime bien, je n’ai jamais été un grand fan, je lui ai toujours préféré un type comme Eddie Cochran, qui était un excellent guitariste country et avait des idées de production très modernes pour les 50’s : sur Summertime Blues ou C’mon Everybody, la façon dont est mixé la guitare acoustique est incroyable. En plus, il écrivait ses morceaux. Bien sûr, Elvis est et restera une incroyable icône, mais à un niveau presque kitsh. Si j’avais été à la place de Scottie Moore (ndlr : fidèle guitariste du King), je crois que je me serais vraiment senti surexploité… (Rires.) Au moment de My Beloved Girl, mon single sur Elevation, les hebdos britanniques m’avait collé l’image de l’homme qui voulait être roi. (Sourire.) Quelqu’un du label Kitchenware m’a même dit que le King Of Rock & Roll de Prefab Sprout était à mon sujet : l’histoire d’un type qui pouvait être le roi mais qui, en fait, n’était qu’un loser. Je crois que Paddy McAloon n’a jamais supporté que Orange Juice ait éclipsé son groupe au début des années 80. (Rires.)
L.OV.E.
(Rires.) Notre reprise, sur le premier album de Orange Juice, You Can’t Hide Your Love Forever, était un peu chaotique, je le reconnais volontiers… La soul, la disco, ont toujours compté pour moi. Quand j’allais dans les discothèques au milieu des années 70, en Ecosse, on n’écoutait que ça pratiquement. J’aimais beaucoup la northern soul aussi mais, contrairement aux puristes, je préférais les trucs les plus accessibles. C’est Alan Horne qui m’a fait découvrir Al Green, en 79 je crois. J’ai commencé à acheter tous ces disques : j’adorais la richesse de la production et puis, surtout, j’adorais sa voix.
Magic Piper (Of Love)
On en revient à la soul puisque la pochette est directement piquée à un groupe qui était sur le label de Curtis Mayfield. Pour la vidéo. On a embauché un véritable chorégraphe afin d’obtenir un résultat le plus proche possible d’un véritable boys band et permettre une lecture à plusieurs niveaux : certains peuvent juste la voir de façon très superficielle, comme un divertissement, d’autres y verront certaines références plus obscures… La chanson est basée sur une rythmique hip hop assez classique, alors que les arrangements ont un côté à la fois rock et psychédélique : j’ai voulu donner l’impression que les Kingsmen jouaient le Jefferson Airplane !
Nu-Sonics/Orange Juice
Juste avant de choisir le nom de Orange Juice, on s’appelait les Nu-Sonics, on savait à peine jouer. La plus grosse erreur que l’on ait commise est sans doute d’avoir signé avec Polydor… On l’a fait trop tôt en tout cas, on aurait dû rester dans un cadre indépendant. C’était bizarre à l’époque : Rough Trade, avec le Where’s Captain Kirk de Spizz Energy, vendait 100 00 exemplaires mais n’était pas dans les charts car ne s’inscrivait pas dans le réseau “officiel” et que personne ne manipulait les charts pour eux… Alan Horne était très ambitieux, il rêvait de Postcard comme d’une organisation à la Stax ! Sans aucun moyen, ça pouvait sembler un peu ridicule. (Rires.) Nous étions vraiment très jeunes. J’ai écrit Falling And Laughing à 17 ans, James Kirk a composé Felicity au même âge. Nous avions tous 19 ou 20 ans à l’époque du premier single, nous étions si naïfs. On a très mal réagi à la façon dont Polydor avait décidé d’appuyer les Commotions… Ils étaient sans doute plus malléables que nous. La fin du groupe a été un peu pitoyable. Nous n’étions plus que Zeke et moi… La dernière tournée a vraiment bien fonctionné mais Polydor n’en avait rien à faire. Ils ont signé Zeke comme artiste solo parce que Peter Gabriel avait prédit que la world music serait la musique du futur… Ce qui est arrivé partout sauf en Grande Bretagne. (Rires.) Moi, ils m’ont viré… Mais depuis, j’ai eu ma revanche. Je suis toujours en contact avec les membres originaux : Stephen Daly (batterie) vit à New York, il est journaliste, James (guitare) est devenu orthopédiste, Dave (basse) est parti vivre en Australie…
Production
Je n’ai pas d’excellents souvenirs en tant que producteur parce que je n’ai jamais eu le temps d’exploiter mes idées… Les budgets étaient trop serrés. Gorgeous George et ce nouvel album établissent ce que je veux faire au niveau du son. En fait, j’ai souvent trouvé que les groupes, en particulier les groupes à guitares, avec lesquels j’ai collaboré étaient trop conservateurs, effrayés par le simple son d’un clavier. Bien sûr, il y a certains artistes avec lesquels j’aimerais travailler, des gens comme Dylan ou Massive Attack, mais je sais que ça n’arrivera jamais… Quoiqu’il arrive, je ne me vois pas faire une carrière de producteur : je préfère garder les bonnes idées pour mes propres disques…
Quinn, Paul
Paul est un ami d’école, on s’est rencontré à Dundee. Il était fanatique de T-Rex et de Bowie à l’époque. Aujourd’hui encore, d’ailleurs ! (Rires.) Il s’est installé à Glasgow en même temps que moi. Ensemble, on avait enregistré cette reprise du Velvet, Pale Blue Eyes, on a souvent collaboré ensemble : il a fait les chœurs sur certains de mes albums, j’ai produit certains de ses disques. Le problème, c’est que Alan Horne a toujours été un musicien frustré et a fait de Paul son instrument ! Travailler avec Paul était souvent frustrant parce que ça signifiait également travailler avec Alan. Qui est complètement fou ! (Rires.)
Rip It Up
Ce n’est pas mon meilleur souvenir de Orange Juice… (Sourire.) A l’époque, j’étais le principal compositeur et gagnais plus d’argent que les autres. David et Malcolm sont devenus envieux. Ils se sont mis à m’ignorer… Très vite, il y a eu deux camps : moi d’un côté, David et Malcolm de l’autre et Zeke jouait le rôle du médiateur… Tout s’est dégradé lors de l’enregistrement du mini-album Texas Fever. C’était une époque stupide. Je préfère vraiment être en solo, je ne regrette pas du tout le côté groupe… Je prends seul mes décisions, je sais qui ou quoi peut mieux convenir à chaque chanson sans avoir à passer mon temps à justifier ma décision.
Studio
Je suis content parce que toutes les générations viennent enregistrer ! La semaine prochaine, ce sera les Wiseguys, du label Wall Of Sound. James Lavelle est passé également, il va faire des remixes de mes morceaux. Ces gens sont intéressés par mon matériel analogique et les vieux claviers que j’ai. Sinon, les Bunnymen ont fait quelques prises voix pour leur nouvel album. Il y a eu les Hybirds, la nouvelle signature Heavenly mais aussi… Lulu !
Tournée
Avec le succès de A Girl Like You, j’ai dû tourner pendant presque un an et demi. A la fin, j’étais complètement lessivé, tout m’énervait. Mais là, je suis assez impatient de donner des concerts. Ce ne sera pas du tout la même formation, j’ai envie de changer, d’essayer des choses. J’utiliserais certainement plus de samples, de claviers. Il y aura aussi quelques idées surprenantes que je n’ai pas envie de dévoiler. (Rires.) Ça va faire dix-sept ans que je tourne, il est grand temps de changer un peu je crois. Mais il faut que j’organise tout ça. I’m Not Following You repose surtout sur le mini-moog et le moog system : j’ai cherché à utiliser ces instruments dans un cadre mélodique et hors-contexte, un peu comme l’avait fait les Isley Brothers ou Stevie Wonder avec la soul ou Eno du temps de Roxy Music. Je me suis rendu compte que le mini-moog pouvait être aussi expressif qu’une guitare… Aujourd’hui, donner des concerts essentiellement axés sur les guitares ne m’intéresse plus… Tout le monde le fait. Et souvent bien mieux que moi… (Rires.)
Union Jack
On va reparler de la britpop… Quand j’ai écrit Keep On Burning, tout le monde en faisait l’apologie et ça commençait sérieusement à me taper sur le système. Les groupes jouaient avec l’image de l’Union Jack sans que personne ne trouve rien à redire tandis que ces mêmes personnes avaient assassiné Morrissey lorsqu’il avait utilisé ce drapeau, trois ou quatre ans plus tôt. Bizarre, non ? Il y a eu un retour d’une imagerie, d’une iconographie britannique… Même le Labour Party a utilisé le bulldog lors de sa campagne. Je ne suis pas paranoïaque pour autant mais je tenais à exposer mon point de vue avec un certain détachement.
Velvet Underground/Warhol
Sur Magic Piper, il y a cette petite référence au moment du refrain. Mais cette phrase musicale, Lou Reed l’avait lui-même piquée à la version de Hitch Hike des Rolling Stones, une reprise de Marvin Gaye. J’ai acheté les albums du Velvet dans les années 70. A une époque, j’avais plein de raretés, mais j’ai fini par les offrir à des amis. Ce groupe n’a plus la même importance pour moi. Aujourd’hui, j’aime découvrir de nouveaux trucs que je n’ai jamais entendus, ou des choses que j’écoutais à 15 ans, comme les tous premiers disques de rap. J’ai adoré Super Discount, je vais acheter l’album de Faze Action, qui a l’air intéressant. Musicalement, j’ai une philosophie philanthropique, j’essaye de trouver du bon dans tous les styles, exceptés le death metal ou la techno hardcore. (Sourire.) Je me moque des catégories… Tu sais, lorsqu’on avait demandé aux Beatles s’ils étaient mods ou rockers, ils avaient répondu : “Nous sommes des mockers”. Moi, je veux être surpris par la musique. Je veux surprendre par ma musique. Et je sais que c’est encore possible.