On le sait depuis belle lurette : la valeur nâattend pas le nombre des annĂ©es. NâempĂȘche⊠Il est impressionnant de dĂ©couvrir que deux frĂšres, Tom et Alex White, respectivement ĂągĂ©s de dix-huit et vingt ans, surgissant de nulle part â en fait, non, de Brighton â sont les auteurs sous le nom tarabiscotĂ© de THE ELECTRIC SOFT PARADE dâun premier album aussi maĂźtrisĂ© et impressionnant, aussi abouti et colorĂ©. Certes, aucune trace de rĂ©volution (9 ?) dans les douze chansons qui composent ce Holes In The Walls impĂ©tueux. Mais juste lâessentiel en fait : des compositions inattaquables, des mĂ©lodies parfaites Ă faire pĂąlir de jalousie Teenage Fanclub, des trouvailles sonores qui ne dĂ©plairaient pas Ă lâex-Boo Radleys Martin Carr, une pointe de psychĂ©dĂ©lisme un peu barrĂ© que ne renieraient pas les Flaming Lips. Et comme ces deux phĂ©nomĂšnes â incollables sur la scĂšne musicale dâaujourdâhui â continuent dâacheter compulsivement des disques par dizaine, on se dit quâils ont vraiment eu une excellente idĂ©e en enregistrant une Ćuvre dâun tel calibre : ils nâauront pas besoin de casser leur tirelire pour acquĂ©rir ce qui sera, sans doute, lâun des meilleurs albums de lâannĂ©e.
ARTICLE Christophe Basterra
PARUTION magic n°57Pas facile de mener la vie dâapprentis pop stars. Et les deux frĂšres White sont en train de lâapprendre Ă leurs dĂ©pens. Ils sont Ă Paris depuis deux jours, mais nâont vu pour le moment â ou peu sâen faut â que le hall et les chambres de leur hĂŽtel, âcondamnĂ©sâ Ă enchaĂźner interview sur interview. Tom, le benjamin â cheveux bruns mi-longs, visage poupon -, nâa mĂȘme pas eu le temps de changer de lâargent. Alex, lâaĂźnĂ©Â â cheveux chĂątains, visage rond â se satisfait tout de mĂȘme dâavoir pu se rendre au pied de la Tour Eiffel et a bien aimĂ© le concert du groupe français, Luke, quâils ont vu la veille. âMais câĂ©tait une expĂ©rience bizarre : le chanteur disait quelque chose, la salle rĂ©agissait et je ne pouvais pas comprendre pourquoi ! Je les ai trouvĂ©s bons en tout cas, le bassiste est assez impressionnant, câest marrant la façon dont il bouge. Jâaimerais savoir parler votre langue. En lisant, jâarrive Ă dĂ©chiffrer quelques bribes⊠Dave Bates, le boss de notre label, nous a dit que Tom McRae, Ă force de venir chez vous, se dĂ©brouillait de mieux en mieux et quâil aimerait bien faire ses prochaines interviews en français. Moi, jâadorerais ça. Câest quand mĂȘme trĂšs embarrassant de se pointer quelque part, de parler anglais et de faire comme si de rien nâĂ©taitâ.
Train jaune
Ce nâest pas la premiĂšre fois, loin de lĂ , que ces deux garçons foulent le sol de notre beau pays. Mais, auparavant, câĂ©tait pour y passer des vacances, en compagnie de leurs chers parents. âOn Ă©tait dĂ©jĂ venu Ă Paris. On connaĂźt Nice, Lille. Je crois que nous sommes allĂ©s en Bretagne aussi. Et puis, on sâest souvent rendu Ă Dieppeâ, explique Alex, pas peu fier. Dieppe ?! âHeu, oui⊠LĂ , on y allait entre potes, juste pour passer la journĂ©e et picolerâŠâ Ă ces mots, son petit frĂšre fait la moue. En raison dâune soirĂ©e un rien trop arrosĂ©e, Tom est en train de siroter un Coca-Cola. Dans un verre de vin. âMoi, jâai adorĂ© les PyrĂ©nĂ©es ! Câest splendide, les paysages sont incroyables. On avait pris un train rigolo, le train jaune, je croisâ. Mais les frĂšres White ne sont Ă©videmment pas lĂ pour ressasser les meilleurs souvenirs touristiques de leur enfance. Ils sont ici pour raconter la jeune histoire dâElectric Soft Parade, parler de Holes In The Wall, ce premier album dâune maturitĂ© insolente, dâun savoir-faire dĂ©sarmant, Ćuvre de ces garçons qui sortent Ă peine de lâadolescence.
On sâĂ©tait tout de mĂȘme rendu au rendez-vous avec une pointe de circonspection. Car, dans lâhistoire de la pop, combien de managers, de biographes nâont pas Ă hĂ©siter Ă mentir et rajeunir de quelques annĂ©es leurs protĂ©gĂ©s, juste histoire dâimpressionner un peu plus la galerie ? Avec Tom et Alex, un seul regard suffit Ă dissiper les doutes. Pire, si le plus jeune assure avec fermetĂ© quâil a bien dix-huit ans, on serait plutĂŽt tentĂ© de lui en donner quinze⊠Et encore. Il faut alors se rendre Ă lâĂ©vidence. Ces deux gamins sont des surdouĂ©s. Qui ne passeront jamais le bac. Et qui, de toutes façons, ont toujours prĂ©fĂ©rĂ© fouiller dans les bacs. Car, autant que leur habiletĂ© musicale â ils sont multi-instrumentistes, chantent, arrangent et composent, avec, dans ce dernier domaine surtout, une suprĂ©matie Ă©loquente de la part du benjamin, qui a le toupet de signer neuf des douze chansons de Holes In The Wall -, câest leur curiositĂ© et Ă©rudition qui laissent pantois. Alors que lâon a pris depuis belle lurette son parti de devoir rencontrer le plus souvent des jouvenceaux arrogants â ânotre groupe est gĂ©nial, les autres sont des tocardsâ, ce genre de discours balisĂ© qui finit par faire bailler â, ces deux galopins tournent avec aviditĂ© les pages de ce magazine, poussant des âohâ ou des âahâ Ă©merveillĂ©s chaque fois quâils tombent sur un article ou une chronique dâun artiste quâils adorent.
Instants choisis. âDingue, un papier sur Hood ! Jâadore le nouvel albumâ. âNon ? Il y a un nouveau disque de Silver Jews ? Je ne le savais mĂȘme pas : en Angleterre, personne nâen a parlĂ©Â !!â âAh, vous nâavez pas aimĂ© la comĂ©die musicale des Pet Shop Boys ? On ne lâa pas encore Ă©coutĂ©e, mais adore leurs hits, West End Boys, SuburbiaâŠ, ce sont des sacrĂ©es chansonsâ. Ces gosses sont dĂ©cidĂ©ment bien Ă©tonnants. âJâachĂšte beaucoup de disques, beaucoup trop mĂȘme. Et lâon va souvent aux concerts, on adore çaâ, explique Tom sur un ton enjouĂ©. âCâest bizarre, parce que la plupart de tes confrĂšres nous ont expliquĂ©s que, en gĂ©nĂ©ral, en interviews, les groupes nâarrĂȘtaient de critiquer la scĂšne actuelle et vantent toujours les mĂ©rites de celles des 60âs ou des 70âs. Pourtant, jâai lâimpression quâil nây a jamais eu autant de choses Ă Ă©couter, je ne suis pas sĂ»r quâil y ait dĂ©jĂ eu une telle diversitĂ©. Je suis vraiment devenu un passionnĂ© de musique il y a cinq ans. Le premier groupe dont je sois devenu fan, câest Super Furry Animals. Jâai achetĂ© lâalbum Radiator le jour de sa sortie ! SincĂšrement, je ne vois pas lâintĂ©rĂȘt de descendre en flĂšche la scĂšne dâaujourdâhui⊠Je trouve ça mĂȘme trĂšs triste. Bien sĂ»r, il faut aussi faire montre de curiositĂ© et aller dĂ©couvrir des vieux trucs, comme David Axelrod, Television ou le Velvet Underground. Mais, encore une fois, il me semble tout aussi important de savoir ce qui se passe maintenantâ.
Alex Ă©coute attentivement les dires de son frĂšre et abonde en son sens : âEn plus, câest souvent Ă cause de ce genre dâattitude passĂ©iste que lâon redĂ©couvre des artistes ou des albums quinze ans plus tard. Combien de disques mĂ©sestimĂ©s ou, pire, passĂ©s sous silence seront considĂ©rĂ©s comme des classiques dans quelque temps ? Câest exactement ce qui est arrivĂ© avec le Velvet, les gens ont quand mĂȘme la mĂ©moire courte ! On vient de faire une tournĂ©e avec The Music en Grande-Bretagne : ces types te disent sans sourciller nâĂ©couter que les Doors et Jimi Hendrix⊠GĂ©nial. âEh les gars, vous nâavez jamais entendu parler de Super Furry Animals, par hasard ? Vous savez, câest le groupe qui remplit une ou deux Brixton Academy Ă chaque fois quâil joue Ă Londres !ââ
Cinéma
Comme on pouvait sâen douter, le parcours qui a menĂ© Tom et Alex Ă lâenregistrement de Holes In The Wall sâest dĂ©roulĂ© sans embĂ»ches, ni anicroches. Depuis leur plus tendre enfance, ces deux-lĂ baignent dans la musique. Ă lâĂąge de quatre, cinq ans, ils sâinitient aux joies du piano, avant de dĂ©couvrir les secrets de la guitare. Et, logiquement, ils finissent par jouer ensemble, des reprises â âil faut reconnaĂźtre que reprendre les Beatles, câest quand mĂȘme une sacrĂ©e bonne Ă©cole si tu veux composer tes propres morceaux par la suiteâ, lance Alex â, avant de se constituer leur rĂ©pertoire. Ils se produisent aussi sur scĂšne, en duo, Ă leur Ă©cole, puis dans les pubs et enfin dans les clubs.
âCâest vrai que toute cette Ă©volution sâest faite le plus naturellement du monde. Nous Ă©tions deux musiciens Ă vivre sous le mĂȘme toit, et lâon a trouvĂ© plus rigolo de faire du bruit ensemble plutĂŽt que chacun de notre cĂŽtĂ©â. âEn revancheâ, tient Ă prĂ©ciser Tom, âpour ce qui est des compos, on travaille chacun dans notre coin. Câest beaucoup plus sainâ. âCâest normal. Ăcrire, câest un acte trĂšs personnel, intimeâ, poursuit Alex. âEt si tu dois le rĂ©aliser avec une autre personne, tu auras tendance Ă ĂȘtre plus rĂ©flĂ©chi, Ă moins te livrer. En particulier pour les textes : tu finis alors par accumuler des paroles assez plates, insipides et pas trĂšs expressives. Quant Ă la musique, il nây a pas trente-six solutions : soit tu bosses seul, soit avec le groupe. Et comme on ne fait jamais de jams⊠Sâil y a un titre sur lâalbum qui nous est crĂ©ditĂ© Ă tous les deux, Why Do You Try So Hard To Hate Me, on ne lâa pas pour autant bossĂ© ensemble : câest un morceau que je traĂźne depuis trois ans. Je trouvais le refrain trĂšs bien et le couplet affreusement nul : alors, en dĂ©sespoir de cause, je lâai refilĂ© Ă Tom pour voir sâil arrivait Ă en faire quelque choseâ.
Pour nos apprentis musiciens, lâĂ©tape suivante tombe sous le sens : avec des amis, ils forment un groupe, se baptisent dâun drĂŽle de nom â The Feltro Media â et Ă©cument les salles de Brighton. âCâest vraiment une ville cool, trĂšs calme. On a eu beaucoup de chance de grandir lĂ -basâ, explique Tom, qui essaye dĂ©sespĂ©rĂ©ment de se rouler une cigarette. âSi lâon reste vivre en Grande-Bretagne, je ne vois vraiment pas oĂč lâon pourrait habiter Ă part lĂ -bas. Il y a un nombre incalculable de salles, de clubs et la scĂšne musicale actuelle est gĂ©niale : derriĂšre nous, plein de groupes se bousculent au portillon. Câest vrai que jusquâĂ prĂ©sent, Brighton nâavait jamais bĂ©nĂ©ficiĂ© de lâaura de villes comme Manchester ou Liverpool, et ce, Ă juste titre. Mais lĂ , ça commence vraiment Ă bouger. Et puis, on a mĂȘme des bons cinĂ©mas, ce qui est quand mĂȘme un fait suffisamment rare en Angleterre pour ĂȘtre signalĂ©Â !â Il rigole.
Câest vrai que lâhistoire de ces deux mĂŽmes a de quoi donner le sourire. MĂȘme leur signature avec leur label sâest passĂ©e sans heurts, sans pleures. âOn avait envoyĂ© des chansons Ă une radio de Londres, Xfm, qui a une Ă©mission oĂč ils ne diffusent que des groupes non signĂ©s. â, avoue Tom, de plus en plus bavard, alors que son frĂšre Ă©tudie scrupuleusement les diffĂ©rents sommaires des anciens de numĂ©ro de Magic!. âUn type de dB records craque sur lâun de nos morceaux, appelle la station pour rĂ©cupĂ©rer nos coordonnĂ©es. Et⊠Et le reste appartient Ă lâhistoire comme on dit ! (Rires.)â âCette structure correspond exactement Ă celle dont on rĂȘvait secrĂštementâ, poursuit Alex, qui se mĂȘle de nouveau Ă la conversation. âParce quâil offre la libertĂ© artistique dâun indĂ©pendant avec les moyens financiers dâune major. En fait, câest le premier et lâunique label qui nous ait jamais contactĂ©s : en ce sens, nous avons quand mĂȘme eu de la chance, on aurait pu plus mal tomber !â
Usurpateurs
Chance et talent, donc : cela ressemble Ă sây mĂ©prendre Ă la formule magique Ă laquelle aspirent tant de formations dĂ©butantes. Sans oublier le travail et la volontĂ©. Car, malgrĂ© leur jeune Ăąge, Tom et Alex ont aussi emmagasinĂ© pas mal dâexpĂ©rience, ont mis les bouchĂ©es doubles pour sâinitier aux secrets des studios : âEn fait, on peut presque considĂ©rer que lâon a enregistrĂ© deux albums avant Holes In The Wall⊠Bon, câest vrai, câĂ©tait juste des Cdâs gravĂ©s que lâon distribuait Ă nos copains, mais quand mĂȘmeâŠâ Alors que tout se passe pour le mieux dans le meilleur des mondes, un petit nuage vient assombrir ce tableau idĂ©al. âDB nous a contactĂ©s en aoĂ»t 2000⊠MĂȘme si, dĂšs les premiĂšres rencontres, tout sâest trĂšs bien passĂ©, on ne voulait pas pour autant prendre de dĂ©cisions Ă la lĂ©gĂšre. On a bien pesĂ© le pour ou le contre, car on savait que si lâon se dĂ©cidait Ă signer, il fallait foncer tĂȘte baissĂ©e, arrĂȘter nos Ă©tudes pour ne plus nous consacrer quâĂ la musique. On est tous tombĂ© dâaccord et, bien sĂ»r, juste aprĂšs, notre bassiste est revenu sur ses engagements et a dĂ©cidĂ© de retourner Ă lâuniversité⊠Le lĂąche ! (Rires.)â.
Ce retournement inopinĂ© de situation contraint les deux frĂšres Ă choisir un autre nom. Ils optent alors pour The Soft Parade, âmais, nous, nous ne sommes pas particuliĂšrement fans des Doors⊠(Sourire.)â. Quelques mois plus tard, un nouveau changement dâidentitĂ© sâimpose parce quâun âtribute-bandâ amĂ©ricain tient Ă faire valoir son antĂ©rioritĂ©. DâoĂč lâajout rĂ©cent de cet Electric. Qui, au final, retranscrit assez bien lâatmosphĂšre qui se dĂ©gage de HolesâŠ. Disque chamarrĂ© et impĂ©tueux, enregistrĂ© sur presque une annĂ©e â âje sais, câest longâ, sâexcuse Alex â, il a Ă©tĂ© conçu sous la houlette de Chris Hugues, vĂ©tĂ©ran de la scĂšne britannique (Teardrop Explodes, Adam & The Ants ou Tears For Fears sont dĂ©jĂ passĂ©s entre ses mains expertes) et co-fondateur de dB Records. âCâest pour cela que sa prĂ©sence sâest imposĂ©e dâelle-mĂȘmeâ, explique Tom.
âCâest un type posĂ©, tranquille, il Ă©tait parfait pour nous. Il nous a mis Ă lâaise. Ce nâest pas le genre Ă imposer ses trucs, il a fait plutĂŽt office de directeur des manĆuvres. MĂȘme si nous avions dĂ©jĂ enregistrĂ©, câĂ©tait une expĂ©rience nouvelle, ne serait-ce que par le matĂ©riel que lâon avait Ă disposition⊠Dâailleurs, les premiers mois, on avait presque lâimpression dâĂȘtre des usurpateurs. On Ă©tait plutĂŽt intimidĂ©âŠÂ Et puis, petit Ă petit, on a pris de lâassurance. Et, au final, câest lâingĂ©nieur du son et nous qui sommes les principaux responsables de la production du disqueâ.  Ce qui ne les empĂȘche pas dâavoir dĂ©jĂ des idĂ©es pour de futurs enregistrements : âDave Balfe aimerait bien que lâon bosse avec Brian Eno. Ils se connaissent bien. Nous, nous aurions peut-ĂȘtre une prĂ©fĂ©rence pour Dave Fridmann : nous sommes fans de tout ce quâil a fait. Mais bon, nous nâen sommes pas encore lĂ â.
Tourbillon
Lâun des gros atouts des frĂšres White est de savoir garder les pieds sur terre. Ils ne se sont mĂȘme pas enflammĂ©s lorsquâils ont Ă©tĂ© dĂ©signĂ©s par le NME, aux cĂŽtĂ©s de neuf autres formations, comme le futur du rock anglais. âĂa nous aurait beaucoup plus touchĂ©s si un magazine tel que le vĂŽtre ou Les Inrockuptibles avaient portĂ© le mĂȘme jugement⊠(Sourire.) Mais le NME⊠Câest devenu un journal cynique, obligĂ© de mettre en couvâ des groupes de plus en plus commerciaux pour espĂ©rer vendre. Et câest dâautant plus rageant quâil y a quelques annĂ©es, câest grĂące Ă lui que jâai pu dĂ©couvrir plein dâartistes gĂ©niauxâ. Alex est encore plus explicite : âOn symbolisait tellement le futur Ă leurs yeux que la semaine suivante, alors que lâon sortait notre troisiĂšme single, ce qui est quand mĂȘme assez important pour un jeune groupe comme le nĂŽtre, ils nâen ont pas parlĂ©, ils nâont mĂȘme pas Ă©crit une ligne dessus !â QuâimporteâŠ
Avec les prĂ©sences de Matt Ă la basse â âun ami que lâon est allĂ© dĂ©baucher chez un autre groupe de Brighton, qui nous en veut Ă mort maintenantâ â et Steve au clavier â âil est arrivĂ© lâĂ©tĂ© dernier, deux jours avant notre concert Ă Readingâ â, The Electric Soft Parade est bien armĂ© pour prendre les scĂšnes du monde entier. Car, aujourdâhui, les frĂšres White savent quâils ne sont pas au bout de leurs peines, quâil ne sert Ă rien de tout prĂ©cipiter, mĂȘme si âce nâest pas Ă©vident en ce moment, on est un peu pris dans un tourbillon : chaque jour, on nous annonce de nouvelles dates, de nouvelles journĂ©es promos. Mais bon, ça ne sert Ă rien de sâinquiĂ©ter, dâessayer de planifier quelque chose dans lâimmĂ©diat. Il faut que lâon garde la mĂȘme honnĂȘtetĂ© dans tout ce que lâon fait et tout se passera bien, on ne pourra que progresserâ. Et mĂȘme sâils aiment sâamuser â ils ont enregistrĂ© pour There Is A Silence la plus rapide vidĂ©o de lâhistoire de la pop, en trois minutes et quelques, pulvĂ©risant le prĂ©cĂ©dent record dĂ©tenu depuis 1985 par le Band Aid -, ils sont surtout lĂ pour bosser et bosser encore.
âSi tu fais attention aux groupes qui marchent depuis quelque temps en Grande-Bretagne, ce ne sont que des formations qui nâont cessĂ© de tourner, les Travis, Coldplay et autres Stereophonics. SincĂšrement, je trouve la plupart dâentre elles mĂ©diocres, mais au moins, leur succĂšs prouve quâil faut travailler pour arriver Ă quelque chose, ce qui est une idĂ©e assez neuve dans la scĂšne pop britannique, oĂč beaucoup de gens pensaient que le succĂšs Ă©tait un dĂ» Ă partir du moment oĂč tu savais jouer dâun instrument. Et câest une attitude bien de chez nous, çaâ. Eux, bien au contraire, sont mĂȘmes conscients de leurs limites actuelles.
âSur le disqueâ, avoue Alex, âil y a des choses que je prĂ©fĂšre Ă dâautres⊠Câest vrai que câest aussi un peu une compilation de ce que lâon a pu composer depuis nos dĂ©buts, ou presque : certaines chansons datent dâil y a trois ans, dâautres, comme Star Again, doivent avoir trois ou quatre mois Ă peine. Ce nâest quâun premier album. Je le trouve excellent, mais jâespĂšre surtout que le second sera encore meilleur. (Sourire.) La plupart des groupes que jâaime ont trouvĂ© leur son, leur force petit Ă petit : les Manic Street Preachers, Blur, Pulp⊠Ou, surtout, les Boo Radleys, dont je suis archi-fan : ils ont âdĂ»â attendre leur cinquiĂšme Lp et Câmon Kids pour rĂ©aliser leur chef dâĆuvreâ. Ce quâoublie alors de prĂ©ciser Alex White, câest que Ichabod And I, premier opus de Martin Carr et compagnie, nâavait pas la flamboyance de Holes In The Wall⊠Ce qui en dit long â et laisse rĂȘveur â quant au potentiel et Ă lâavenir de The Electric Soft Parade.