(Cooking Vinyl/PIAS)
Stornoway n’a jamais déclenché les passions. Trop sages, trop propres, trop gentils pour se faire une place dans le cirque rock’n’roll, pensait-on. Ça n’a pas empêché les gusses de Coldplay de remplir des stades, mais nos post-étudiants d’Oxford semblaient trop modestes et réservés pour cela.
Ce nouvel album se conclut d’ailleurs par Love Song Of The Beta Male. Tout est dit, non ? Pas vraiment. Stornoway va (peut-être) tenter sa chance. Ornithologue de formation, Brian Briggs a baptisé ce troisième LP d’après un volatile survolant les rives de l’Atlantique Nord, le Bonxie (le “Grand Labbe” en VF).
Une œuvre dédiée à la nature, à l’humanisme, à l’équilibre des choses… Bref, le virage speed metal, c’est pas pour tout de suite. N’empêche, le grand air fait du bien à ces chansons produites par un Gil Norton (relativement) discret et entonnées avec ferveur par Briggs.
Évidence pop (Get Low) et nerveuse (When You’re Feeling Gentle), folk luxuriant (We Were Giants), a capella présentant Simon & Garfunkel aux Housemartins (Josephine) ou échappée à la Spector (Love Song Of The Beta Male), Stornoway varie les couleurs et glisse quelques trouvailles sonores, comme cette sirène de chalut se confondant en une nappe de synthé sur Between The Saltmarsh And The Sea, ou encore les caquètements de piaf de Lost Youth évoquant le rire du Laughing Gnome de Bowie. Hélas, des signes ne trompent pas.
On tique à l’écoute de la boursouflée Heart Of The Great Alone, on se fatigue du pathos de The Road You Didn’t Take et on touche le fond sur Sing With Our Senses, avec ses chœurs niais, sa batterie bavarde, son chant héroïque…