Tweedy – Sukierae

Mieux vaut battre le père pendant qu’il est chaud. Conformément à ce vieil adage œdipien, Spencer Tweedy, fils de qui vous savez et multi-instrumentiste de son état, s’est donc associé à son génial géniteur pour une séance de thérapie familiale et artistique. Enregistré dans un contexte personnel pour le moins difficile – la mort en 2013 du frère aîné de Jeff, Greg, puis la grave maladie de sa femme dont le surnom donne son titre à l’album –, Sukierae n’apparaît pourtant pas uniquement comme la mise en musique impudique de retrouvailles éplorées. Globalement imprégnée d’une forme d’énergie vitale assez positive où la joie du jeu collectif l’emporte le plus souvent sur la morosité mortifère, cette escapade du leader de Wilco en marge de ses nombreuses activités habituelles fleure bon la détente et la convivialité.

Certes, avec pas moins de vingt morceaux au compteur, l’exercice comporte inévitablement son lot de digressions semi-improvisées et autres brouillons inachevés où les breaks de batterie sont simplement destinés à mettre en valeur les talents – certes non négligeables – de Tweedy junior. Mais on aurait sans doute mauvaise grâce à faire la fine bouche à l’écoute de quelques-unes des plus belles ballades composées par ce songwriter majeur – Wait For Love, Pigeons et Nobody Dies Anymore auraient aisément pu figurer au générique de Wilco (The Album) (2009) – comme pour mieux conjurer l’acharnement d’un sort hostile. Alors tant pis pour les longueurs puisque les joies du zapping permettent sans peine de transfigurer ce bon album familial trop roboratif pour en faire le chef-d’œuvre de douze morceaux qu’il aurait pu être.


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