SUZANNE VALLIE – Love Lives Where Rules Die
(NIGHT BLOOM RECORDS)
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«Tout est ici si attirant, si spectaculaire, si total que vos émotions en sont d’abord étranglées», expliquait Henry Miller au sujet de Big Sur, sur la côte californienne. Ces mots trouvent un écho particulier à l’écoute du premier album de la poétesse Suzanne Vallie, car l’Américaine a précisément écrit ce disque à Big Sur où elle vit et où elle donne à ressentir toute l’atmosphère fantasmagorique du lieu en saisissant chaque détail du paysage pour magnifiquement parler d’amour, de rupture et de résilience. Un album où, de sa voix chaude et fragile, elle nous invite à la suivre le long de la mythique Highway 1, les pieds ancrés dans un folk délicatement countrysant mais le cœur tourné vers une pop lumineuse.
CLOUD FACTORY – Cloud Factory #1 EP
(HOWLIN BANANA)
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Échappés de Noir Audio, Cathedrale, Renarde, Bogan et Maelstrom, les cinq membres de Cloud Factory forment une sorte de super groupe mêlant le meilleur de la scène D IY toulousaine. Ce premier essai pop se mâtine d’urgence post-punk et la voix acidulée de la chanteuse Alice confère aux compositions noisy une fraîcheur et un naturel qui rappellent les débuts des brillantes NewYorkaises Habibi.
BALZANE – Paille
(AUTOPRODUCTION)
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Dans la famille Croisier (Aurélia Ravaud-Croisier, alias Balzane, est la compagne de François-Régis Croisier, auteur de disques remarquables aussi bien avec St. Augustine qu’avec Pain Noir), le talent semble être le dénominateur commun. Porté par sa voix diaphane mais incarnée, Paille, son premier disque, poursuit une tradition qui court de Barbara à Françoise Hardy en passant par Maissiat, avec comme point d’orgue le divin et fragile Par hasard. S’appuyant sur ses «défauts» pour mieux révéler ses fragilités, Aurélia Ravaud-Croisier a l’intelligence du murmure dans sa voix toute en rupture.
LA HOULE – Dehors au Dedans
(ONTO RECORDS)
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Pendant le confinement, Simon Sockeel, que vous connaissiez plutôt du côté d’une pop étrange, gazeuse, shoegaze voire noisy, a redécouvert les – superbes – peintures impressionnistes de son grand-père Lionel Sockeel. Des oeuvres qui lui ont inspiré ce non moins superbe et non moins impressionniste disque de musique ambient. On songe à certains moments à Blade Runner 2049, à Alessandro Cortini, probablement est-ce à cause ce grain si particulier des enregistreurs cassette Tascam. Entre William Basinski, Satie et Klaus Schulze (l’embardée kraut de Phil’s Odyssey – dont il vous faut absolument voir le clip), voilà un grand disque d’ambient français.
CAMILLE BÉNÂTRE – Après le Soir
(HIDDEN BAY RECORDS)
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Après Nos Rendez-vous Manqués (2015) et Ilôt de Consolation (2017), les deux premiers volets de la carrière solo de Camille Bénâtre, Après le soir est sans aucun doute son album le plus ouvert vers les autres mais aussi le plus recroquevillé sur lui-même, recentré sur la guitare du Toulousain. Poursuivant une émotion authentique, entendue autrefois chez Elliott Smith, et empathique au possible, Après le soir est un disque précieux et élégant.
Mais rien ne vous empêche d’écouter aussi les autres sorties du jour :
BDRMM – Bedroom (SONIC CATHEDRAL)
A.A. WILLIAMS – Forever Blue (BELLA UNION)
LAPALUX – Esrevoinma (BRAINFEEDER)
TWIN PEAKS – Side A (GRAND JURY MUSIC)
HOLY WAVE – Interloper (THE REVERBERATION APPRECIATION SOCIETY)
LITTLE KID – Transfiguration Highway (SOLITAIRE RECORDINGS
Keleketla! – Keleketla! (AHEAD OF OUR TIME)
MULATU ASTATKE & BLACK JESUS EXPERIENCE – To Know Without Knowing (AGOGO)
THIAGO NASSIF – Mente (GEARBOX)
GNOD & JOÃO PAIS FILIPE – Faca de fogo