(A Recordings/Differ-Ant)
Comme si cela ne suffisait pas d’avoir fait la couve de votre magazine préféré en mai 2014, Anton Newcombe a trouvé le moyen de squatter celle de février 2015 consacrée à Soko, qui s’enthousiasmait de leur collaboration pour les besoins de ce disque au titre français sciemment descriptif : Musique De Film Imaginé. On connaissait son amour pour la Nouvelle Vague et la pop française des années 60, on savait aussi qu’il était supposé travailler sur la bande-son du film anglais Moon Dogs.
Ce qu’on ne sait pas, c’est si cet album dédié à Truffaut, Godard et compagnie, et par extension à Antoine Duhamel, George Delerue ou Alain Goraguer, signe ou non le capotage de ce projet. Autrement dit, ce que nous entendons est-il le signe que Newcombe ne conçoit la musique de film qu’ainsi, dans cette forme à la fois très référencée et libre qui est la sienne depuis toujours et convient sans doute peu au cinéma d’aujourd’hui ? Mais laissons choir nos fantasmes puisque ce sont des siens dont il est question tout au long de ces douze pièces instrumentales (plus deux chantées), marquées du sceau de The Brian Jonestown Massacre.
À savoir une forme de rock psychédélique cannibalisant toutes les influences susnommées. Avec pour belles cautions une reprise de Popera Cosmic interprétée par Soko dans un style très Bardot (Philadelphie Story) et un Sacre Du Printemps ensorcelé par une Asia Argento aux accents plutôt Deneuve, Anton brille ailleurs dans un minimalisme personnel et expressif qui parle autant de sa foi dans son parcours (Elle S’Échappe, qui n’aurait pas juré sur ses LP précédents) que de sa nouvelle maturité (est-ce un hasard si le premier morceau se nomme Après Le Vin ?). Au fond, peu importe les lubies qui font avancer Anton Newcombe : il termine une fois de plus son quinzième album Au Sommet.