The Charlatans – Modern Nature

(BMG Rights Entertainment/PIAS)

Le temps ne fait rien à l’affaire comme chantait l’autre. En l’occurrence, quand on est bon, on est bon. Il en va une fois encore de The Charlatans comme de ces crus millésimés qui ne cessent de se bonifier avec l’âge quand tant d’autres de leurs concurrents originels ont épuisé depuis bien longtemps leurs dernières traces résiduelles d’inspiration et de saveur.

Enregistré dans un contexte pourtant difficile – le décès du batteur Jon Brookes fin 2013 –, ce douzième album est imprégné d’une forme de sérénité étonnante et même d’une forme d’euphorie communicative qui n’est pas sans évoquer les œuvres de jeunesse des Mancuniens. Plus cohérent et bien mieux maîtrisé que le précédent Who We Touch (2010), il est même à ranger parmi les nombreux points culminants de la très riche discographie du groupe.

Epaulés par une pléiade d’amis et de collaborateurs de renom – Stephen Morris (New Order) venu pour une pige haut de gamme à la batterie ainsi que Sean O’Hagan (The High Llamas) et Jim Paterson (Dexy’s Midnight Runners) pour signer les arrangements de cordes et de cuivres –, Tim Burgess et sa petite troupe de survivants naviguent avec une classe incomparable entre soul moelleuse (Keep Enough) et pop classique taillée à la dimension des stades (Emilie, I Need You To Know, Lean In).

Dominées par des sonorités plus organiques et des rythmiques un peu plus alanguies que par le passé, ces chansons ressortent toutes grandies de cette mise en son où l’efficacité instantanée est parfois sacrifiée au bénéfice d’une certaine profondeur. Dernier vétéran de la génération 1990 (avec Primal Scream) à porter l’étendard d’un rock britannique à la fois populaire et ambitieux, The Charlatans se montre encore et toujours à la hauteur de sa mission.

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