Julien Bourgeois, l’oeil de Magic, a sélectionné huit de ses photographies réalisées et parues en 2018 dans le mag pop moderne. Il nous raconte les coulisses de chacun de ses clichés. Quatrième épisode de notre série avec The Limiñanas.
“J’avais déjà photographié The Limiñanas en janvier à Paris, et j’y retournais en juin pour la couv’ multi-artiste du 210. Pour les avoir à ce moment-là il fallait se déplacer chez eux, près de Perpignan.J’ai fait l’aller-retour dans la journée. C’était un exercice un peu particulier car l’idée était de les avoir sur un fond neutre, un fond blanc, pour les associer aux autres artistes, Marquis de Sade, Clara Luciani et Dominique A.
Je trouvais ça dommage de faire ce déplacement uniquement pour un fond blanc donc une fois que j’ai fait les photos dont j’avais besoin, je leur ai demandé où est-ce ils pourraient m’emmener pour faire des photos dans la région. Ils m’ont dit : “Ça te dirait qu’on aille à la plage ?”. Ça faisait des mois que j’avais pas vu la mer : je n’ai pas hésité une seconde !
Lionel et Marie Limiñana sont des gens tellement adorables, tellement généreux, que c’était un vrai plaisir de passer un peu de temps avec eux. Ils ont la maturité pour comprendre que la notoriété qui leur tombe dessus est un peu dingue, ils le racontent dans l’article de ce numéro 210, “Le kiff de la quarantaine“.Ils sont d’une simplicité impressionnante. Ils vivent toujours dans l’endroit où ils ont grandi. Sur Shadow People, leur dernier album, ils ont travaillé avec des gens assez fous, comme Anton Newcombe, Peter Hook, Bertrand Belin… C’est un des rares groupes français indie qui peut se permettre de faire travailler des gens de cette envergure.
Quand on est parti à la mer, ils devaient s’arrêter tous les trois mètres pour dire bonjour à quelqu’un, y compris des gens avec qui ils étaient au lycée ! Tout le monde était au courant et avait un mot pour eux: “Je suis super content pour ce qui vous arrive!“. C’était assez touchant de voir ces enfants du pays arriver à articuler leur musique avec leur vie. Ce sont des gens qui donnent foi en l’humanité ; il y en a peu, mais eux en font partie.
Sur la photo ils posaient, je les ai clairement dirigés. L’idée était d’avoir de la perspective, qu’on sente qu’on était à la mer, mais en même temps il ne devait pas y avoir trop de monde. Leurs tenues très rock sur la plage, c’était drôle. C’est très loin de l’iconographie traditionnelle du rock. Mais ça leur va bien.”