(Murailles Music/L’Autre Distribution)
Face à l’adversité du quotidien, chacun trouve ses propres remèdes. Pour beaucoup d’entre nous, auditeurs, auteurs ou compositeurs, cela passe par la musique. Elle peut être agressive (et donc souvent cathartique) ou bien plus intimiste et fondée sur le partage de sensations. Éric Pasquereau a décidé de ne pas choisir entre l’énergie pure du hardcore et l’orfèvrerie de l’écriture folk.
Armé depuis plus de dix ans de sa guitare et de sa voix, il balance colère et adrénaline, parfois sur disque mais le plus souvent sur la route avec son quatuor Papier Tigre. La profondeur des sentiments, la nostalgie des troubles adolescents, les angoisses quotidiennes et les brefs rayons de soleil conjoncturels, il les exprime sans fard au sein de The Patriotic Sunday, dont voici déjà le quatrième album alors même que le projet parallèle avait démarré spontanément sans perspective de lendemain.
À l’instar de Scott Kelly chez Neurosis ou de figures historiques des groupes les plus râpeux de la vague de Seattle, la décompression folk que constitue The Patriotic Sunday est devenue un chemin obligé pour l’équilibre créatif et personnel de Pasquereau, mais aussi pour ceux qui apprécient le songwriting inventif et raffiné du Nantais aux origines américaines. Après un Lay Your Soul Bare (2005) ultra minimal qui tutoyait néanmoins la perfection d’une séquence de passion amoureuse, The Patriotic Sunday avait su expérimenter lors des albums suivants les configurations les plus diverses, aidé notamment par les Rennais post-hippies de La Terre Tremble !!!.
Cela explique la diversité des ambiances et des orchestrations de All I Can’t Forget, tantôt dépouillées (The Evening Waltz, Full Moon, The Rain Falls Hard), tantôt dignes de tubes folk rock dégoulinants et early seventies (merci aux chœurs de La Terre Tremble !!!). De ce point de vue, le single Garbage Truck demeurera un titre pop parfait.