Linda Perhacs – The Soul Of All Natural Things

Pour les plus jeunes, le nom de Linda Perhacs est très certainement inconnu, mais pour les autres – ou les plus cultivés –, le souvenir de la jeune femme qui enregistra le cultissime Parallelograms en 1970 est encore précieusement gardé. De toute évidence, les quarante-quatre années de silence ont moins ridé ces quarante minutes de pur enchantement que le visage de la ravissante magicienne qui, de Broadcast à Julia Holter, a imprégné de sa féerie les plus passionnants artistes de la pop moderne. D’ailleurs, ce second LP n’aurait probablement pas vu le jour sans l’admiration qu’une jeune génération d’artistes voue à ce monument initial et oublié (même si plusieurs fois réédité). Ainsi, Sufjan Stevens accueille le disque sur sa structure Asthmatic Kitty, Linda Perhacs est accompagnée par deux jeunes producteurs et admirateurs (Fernando Perdomo et Chris Price), et surtout, Ramona Gonzalez (Nite Jewel) et Julia Holter l’ont aidée à mettre en forme The Soul Of All Natural Things. C’est un détail touchant de voir les deux jeunes femmes épauler à leur tour leur inspiratrice. On a parfois même l’impression que le style de Julia Holter prend le dessus sur ces dix chansons inattendues (Intensity, Prisms Of Glass) au point même que les admirateurs de Parallelograms qui n’auraient pas jeté une oreille attentive à Ekstasis (2012) et Loud City Song (2013) de Julia Holter pourront être déstabilisés. Néanmoins, The Soul Of All Natural Things a conservé le subtil mariage de folk et de discrètes touches de musiques expérimentales et électroniques qui faisait le charme serein du précédent album. On retrouve aussi quelques réminiscences de cette époque bénie où la musique folk côtoyait le surnaturel, le mysticisme, et où Linda Perhacs tutoyait les anges. Les dix titres ne sont certes pas d’une égale valeur, mais River Of God, Prisms Of Glass et When Things Are True Again sont de véritables moments de grâce. The Soul Of Of All Natural Things est évidemment une maigre récompense pour qui aurait attendu ce successeur pendant quarante-quatre années, mais Linda Perhacs n’est pas vainement sortie de son silence.

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