Les Big Byrd – They Worshipped Cats

“L’amour, c’est rechercher éternellement la sensation de la première fois”, aura bien dit un quelconque poète. Les Big Byrd, c’est exactement ça. En témoigne ce Christ défonçant des soucoupes volantes à grands coups de regard laser sur la pochette. Une impression de déjà-vu, de déjà entendu, et pourtant, le coup de foudre est immédiat et sans appel pour une œuvre brève, violente et concise. L’un des grands disques de l’année 2014 ? On prend les paris. They Worshipped Cats est aisément résumable à quelques grands traits : grésillement permanent, guitares dégoulinantes de Wah-Wah et bardées de fuzz, orgue cinglé, batterie récupérée sur une autoroute allemande et chant alternant entre suédois et anglais dans l’indifférence générale – tout est noyé dans l’écho. On pense d’emblée aux Spacemen 3 et à leur programme en trois points (Taking Drugs To Make Music To Take Drugs To, 1990), mais le parcours de nos Scandinaves tranche avec les clichés. Cofondateur avec Frans Johansson (ex-Fireside) de cette redoutable machine de guerre, Joakim Åhlund s’est fait un nom au sein de Caesars, connaissant un bref quart d’heure de gloire au début du siècle avec le tube Jerk It Out. Depuis, l’homme a composé pour des artistes aussi différents que Chrissie Hynde, Robyn ou Theophilus London, aussi à l’aise dans le garage que dans le classic rock, la pop la plus plastique ou le crossover hip hop.

Ce parcours tortueux en dit long sur la capacité de Joakim Åhlund à se glisser dans n’importe quel genre et, dans le cas présent, à le pousser dans ses derniers retranchements. Joakim figure d’ailleurs au générique du récent Revelation (2014) de The Brian Jonestown Massacre. Enregistrée dans le studio berlinois d’Anton Newcombe (qui l’édite sur son label), cette œuvre s’impose comme un bloc compact à avaler d’une traite avant de recommencer ad vitam aeternam. On citera quand même le morceau They Worshipped Cats dont les synthés sinusoïdaux et la rythmique motorik renvoient à Big City (Everybody I Know Can Be Found Here), l’ouverture de l’ultime album de Spacemen 3 (Recurring, 1991), tandis que Just One Time, digne de Spiritualized, glisse un peu de douceur dans ce monument de boucan tellurique. Les Big Byrd s’impose comme des rejetons du space rock d’Hawkwind et des merveilles camées de Primal Scream. D’où peut-être l’intitulé War In The Streets, clin d’œil possible à Urban Guerilla, brûlot de la bande à Lemmy repris par celle à Gillespie. Ici, cette guerre mêle justement le groove baggy de Primal Scream aux harmonies vocales de The Byrds, le tout rehaussé d’un brin de vocoder – tout simplement le meilleur titre que Jagwar Ma n’a jamais écrit. On voudrait disserter sur chaque parcelle de ces morceaux géniaux, mais parfois, le corps prend le dessus et les frissons parcourant l’échine lors du tonnerre guitaristique de Back To Bagarmossen relèvent du plaisir ineffable. Cette sensation de la première fois, encore et encore.



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