“Travaux sur la N89” : le chantier obsédant de Murat

“lol”, est-on tenté de s’exclamer à la découverte de ce disque, où Murat donne l’impression de rattraper d’un seul coup vingt ans d’une culture numérique jusqu’ici totalement snobée (l’ironique conversion au blues-rock au tournant du millénaire avec Le Moujik et sa femme). Passé l’effet de surprise (le titre apoétique, l’artwork épuré et, donc, la tonalité 100% électro de l’album), Travaux sur la N89 s’impose comme l’une des plus belles réussites de son auteur, signant le retour en force des claviers de denis clavaizolle ainsi que de grandes obsessions muratiennes : l’ancien vs. le moderne (“Cette fois les pensées de Pascal, je m’en fous, Fly Tox je m’intoxe”) et l’amour charnel. “Jouir, jouir en poisson dans ton eau” dit Coltrane, dont on peine à comprendre le titre, avant de se rendre à l’évidence : c’est juste que c’est beau comme du John, ou plutôt du robert (Wyatt), seule référence pouvant être décemment convoquée à l’écoute de ce désarçonnant mais obsédant disque aux allures de chantier permanent.

Matthieu Chauveau 

à lire aussi