(4AD/Wagram)
Après des débuts très prometteurs à bricoler une pop lo-fi expérimentale et caverneuse avec un micro et des cassettes audio, le tout passé dans des pédales d’écho et de distorsion (le magnifique Go Grey en 2010), l’Américaine Meghan Remy alias U.S. Girls confirme aujourd’hui le virage résolument pop hi-fi amorcé sur Gem (2012).
Épaulée de son mari Slim Twig et du producteur Onakabazien, elle sort avec Half Free (premier LP pour 4AD) son œuvre la mieux réalisée, la plus inspirée et la plus accessible.
Les anfractuosités soniques taillées à la massue des premiers enregistrements deviennent ici des diamants polis avec soin et présentés dans un écrin plus soyeux, tout en gardant ce sens de la mélopée lancinante et du groove abrasif propre à Remy.
C’est flagrant sur Sororal Feelings en ouverture et sur le sublime Navy & Cream, où les chants acérés et envoûtants semblent prendre leur assise sur des boucles de vinyles rayés, un peu à la manière de la Hollandaise Elisabeth Esselink (Solex).
Si la production a tendance à abuser de certains codes faciles de la musique commerciale sur quelques titres dispensables (Sed Knife), l’ensemble se révèle être une suite de potentiels hits dance ou R&B déviants qui devraient faire réfléchir Robyn et Katy Perry.
De l’excellent dub de Damn That Valley à l’arpeggio Moroder de Woman’s Work en passant par le single Window Shades (photocopie à peine voilée de Love Is A Hurtin’ Thing de Gloria Ann Taylor), Meghan Remy a de sérieux atouts en main pour convaincre les plus réfractaires.