Avec "Sister" d'Ultraísta, "Every Bad" de Porridge Radio et "Birthmarks" d'Hillary Wood, Magic vous a sélectionné les albums importants qui sortent ce vendredi 13 mars.
ULTRAÍSTA – Sister
(PARTISAN RECORDS / [PIAS])
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Si Sister d’Ultraísta n’avait été désigné coup de cœur, et si donc la présente chronique avait perdu 75 % de son lignage, elle aurait été articulée autour de la comparaison suivante : imaginez Trish Keenan, la regrettée chanteuse de Broadcast, invitée à enregistrer Kid A dans un Radiohead où le batteur Phil Selway aurait dû céder sa place à Tony Allen. Vous l’avez ? Voilà le programme que nous vous proposons à l’écoute du deuxième album du trio formé de Nigel Godrich, Laura Bettinson et Joey Waronker. On ne sait d’ailleurs pas trop dans quel ordre il faut aligner les noms pour donner une juste perception du son du groupe. Les apports propres des trois musiciens écartèlent la proposition onirique d’Ultraísta entre trois pôles d’égales brillance et influence. Chaque écoute peut être opérée du point de vue d’un des trois membres fondateurs et donner trois lectures différentes d’une même histoire, sans porter atteinte à la globalité du son. Certains alliages sont moins équilibrés ou plus difficiles à tenir sur la durée (Water in My Veins, Bumblebees). Mais ils sonnent eux aussi comme une promesse d’éternité pour la pop : Sister est de ces disques rares qui, régulièrement, définissent la pop comme l’art du renouvellement permanent de ses propres codes. Un coup de cœur de notre numéro 220, disponible dans notre boutique en ligne et actuellement en kiosque.
PORRIDGE RADIO – Every Bad
(SECRETLY CANADIAN / [PIAS])
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Il aura fallu quatre ans à la jeune Britannique Dana Margolin pour «signer» avec un vrai label – pas n’importe lequel : Secretly Canadian – l’indie pop qu’elle défendait depuis 2015 autour de Brighton avec ses musiciens. La voix et les guitares ont manifestement passé un pacte avant l’enregistrement : aborder tous les exercices de style de l’indie. L’une des versions les plus accrocheuses et modernes jamais entendues de l’héritage des nineties.
HILARY WOODS – Birthmarks
(SACRED BONES RECORDS / DIFFER-ANT)
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Parfois, on perdra la voix d’Hilary Woods. Elle s’évanouira, comme avalée par les brumes épaisses, engloutie dans les profondeurs des eaux alentour, tue par le peuple fourmillant de la nuit. La plupart du temps, elle sera la lumière vacillante, sur le point de s’éteindre, puis soudain intense et brillante qui nous guidera au long de la traversée. Il y a une beauté déchirante à chanter ainsi. Il faut savoir se perdre – voici ce que nous content les magnifiques chansons d’Hilary Woods.
MARIA MCKEE – La Vita Nuova
(FIRE RECORDS)
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Avouons-le, on avait un peu oublié le travail de Maria McKee, l’ex-leader de Lone Justice. L’Américaine n’avait rien sorti depuis Late December (2007), une éternité ! Il faut voir dans La Vita Nuova une forme de renaissance, une ardeur renouvelée. On croisera les ombres de Joni Mitchell, William Blake mais aussi le Bowie de 1972. Un disque généreux et exalté.
PETER BJORN AND JOHN – Endless Dream
(INGRID)
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Dix-huit ans après sa formation, le trio suédois rempile cette année avec un neuvième chapitre très pop baptisé Endless Dream. Sur le premier single Rusty Nail, Peter Bjorn and John sont soutenus par un dédale de rythmes percutants, accordés sur un riff de guitare simple et ravageur. Avant que Reason to Be Reasonable ne tombe dans une pop efficace, aux limites mainstream. Un bon moment, sans révolution.
FOUR TET – Sixteen Oceans
(TEXT RECORDS)
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Décidément, il y a certains artistes électroniques à qui la maturité sied à merveille, comme nous le racontait récemment son acolyte Caribou. Four Tet est de ceux-là. Kieran Hebden, le vrai nom de ce Londonien de 42 ans, signe en guise de dixième album un beau recueil du versant le plus dance de son art. Grooves tech house, samples en tout genre, kick va-t-en-guerre, nappes ambient qui invitent autant au regard lointain qu’à l’introspection, field recordings, synthétiseurs aux milles reflets… La jeune-garde n’a qu’à bien se tenir.
ALEX NICOL – All For Nada
(MICHEL RECORDS / ANNIVERSARY) ••••°°
Échappé de Hoan, groupe dans lequel il officiait en qualité de frontman, le Québécois Alex Nicol déploie ses ailes dans son premier album All For Nada, qui rend hommage à sa partenaire Nada Temerinski, tête pensante “”cachée” du projet. Une bedroom pop feutrée et apaisante, qui conte les hauts et les bas des relations amoureuses.
JULIEN BELLIARD – Le Mirage de Zo
(Satellite Label)
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Naviguant entre pop, folk et indie-rock, Le Mirage de Zo est aussi tortueux que la tige du chardon qui orne sa couverture. Julien Belliard, qui signe pour la première fois une œuvre sous son nom civil après deux albums sous l’alias Zo, l’a pensé comme un album “basé sur le mouvement“, et s’évertue à brouiller la frontière entre rêves et réalité.
MONOPHONICS – It’s only us
(COLEMINE RECORDS)
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Monophonics livre avec It’s Only Us un chaleureux recueil mélangeant le meilleur des scènes californiennes de la soul et du rock psychédélique. Un son intemporel au groove furieux, sublimé par la voix de crooner irrésistible de Kelly Finnigan.
Mais rien ne vous empêche d’écouter les autres sorties du jour :
DUNGEN – Live (Modulor)
ALESSANDRO CORTINI & DANIEL AVERY – Illusion of Time (Mute/Phantasy)
SHABAKA AND THE ANCESTORS – We are sent here by (Impulse!)
SHHT – Noneketanu (autoprod)
THOMAS DYBDAHL – Fever (v2 records)
THE DISTRICTS – You know I’m not going anywhere (Fat Possum Records)
MIL – Always summer somewhere (Capitol)
PORCHES – Ricky Music (Domino)
MOVIE STAR JUNKIES – Shadow of a pause (Teenage Menopause)
JFDR – New dreams (Krunk)
TOM POISSON – Se souvenir des virages (Super-chahut / Kuroneko Medias)
SAME DOORES – Sam Doores (New West)
VIOT – Hallali (Langage Records)
DAIDAL – Betwixt (Autoproduit – Los Pinguinos Alternatifs)
DA BREAK – Let It Shine (La Ruche)