"Comme s'il fallait dépasser 2016" : le Top 2019 de Gregory Bodenes

Jusqu’à la fin de l’année, nos rédacteurs publient le Top 10 de leur année pop. Aujourd'hui, celui de Gregory Bodenes. Le Top de la rédaction sera publié dans nos hors-séries de fin d’année à pré-commander et à pré-financer ici.

  1. JÉRÔME MINIÈRE – Une Clairière (Objet disque)
  2. EFTERKLANG – Altid Sammen (4AD)
  3. PAN AMERICAN – A Son (Kranky)
  4. DAVID CHALMIN – La terre Invisible (Ici D’Ailleurs)
  5. NICK CAVE AND THE BAD SEEDS – Ghosteen (Ghosteen Ltd)
  6. JEAN-LOUIS BERGÈRE – Ce Qui Demeure (Wiseband)
  7. GARDEN WITH LIPS – Pelissandre (L’église de la petite folie) > Parler aussi de Centreudmonde
  8. BELLE ARCHE LOU – Radel ( T-Records)
  9. SOL SEPPY – IAAYA (I Am As You Are) (Autoproduction)
  10. WATINE – Géométries Sous-Cutanées (Catgang)

2019 a eu son beau lot de confirmations, de résurrections, de déceptions parfois. Comme si, arrivant au terme d’une décennie, il fallait à tout pris marquer d’une empreinte fort ce passage aux années vingt et dépasser la qualité de 2016, qui fut peut-être le plus grand cru de la décennie avec les disques de Bowie, Cohen, Christophe et bien d’autres. 2019 s’est démenée.

Ce qui fut fort avec cette année qui s’achève, c’est l’expression même de ses disques, leur contenu, les « messages » et la pluralité de la proposition. Prenez l’ex-Lithium Jérôme Minière qui signe avec Une Clairière non seulement un pamphlet contre la virtualité de notre société, mais tisse aussi un lien de parenté avec Chevalrex, qui participe d’ailleurs au disque. 

Au rayon des retours, les Finlandais d’Efterklang signent un immense disque, à la fois dans la prolongation de leur discographie déjà passionnante, mais aussi en osant un pas de deux vers d’autres sonorités. On peut également avoir fait partie de Labradford, un des groupes essentiels des années 1990-2000 et continuer de rebattre les cartes de son jeu. C’est ce que fait Mark Nelson en transfigurant un folklore apatride et à l’os dans Pan American sur A Son. Avant 2019 , son nom ne vous disait rien mais pourtant, vous avez déjà croisé David Chalmin aux côtés de Thom Yorke, de The National ou des sœurs Labèque. Avec La Terre Invisible, il signe un brulot IDM magmatique et palpitant sur le meilleur label français, Ici D’ailleurs. Comme pas mal des disques de la décennie marqués par le deuil, Ghosteen, le double disque de Nick Cave and The Bad Seeds est sans aucun doute le chef d’œuvre d’une discographie qui cumule déjà son lot d’immenses réussites. Il lui aura fallu passer par l’indicible pour enfanter un disque de renaissance.

L’Angevin Jean-Louis Bergère poursuit quant à lui une carrière discrète à mi-chemin entre americana et chansons à textes. Un disque d’une sensibilité et d’une élégance rare. Une fois encore, L’Église de la petite folie, label brestois, signe deux disques passionnants, Pelissandre de Garden With Lips qui ranime les spectres de Seventeen Seconds dans une écriture sèche et pop, et l’excellent Tigre avec états d’âme de Centredumonde, belle dérive entre Miossec et de grands dérapages neurasthéniques. Alexis Paul, alias Belle Arché Lou a accompagné nombre de disques que nous chérissons chez Magic, Pauline Drand ou la collaboration avec Alma Forrer, signe avec Radel son œuvre la plus aboutie.

Au rayon des retours, il fallait aussi compter sur Sophie Michalitsianos alias Sol Seppy croisée dans les années 2000 avec Mark Linkous (Sparklehorse), auteur de deux albums magnifiques mais méconnus, elle revient avec IAAYA, collection de chansons arrache-cœur. Pour Watine, 2019 fut aussi une belle année intense, Géométries Sous-Cutanées sorti en début d’année nous la présentait dans sa version instrumentale et électronique, en fin d’année, elle revenait avec Phos accompagnée de l’artiste multimédia Intratextures pour un spoken word glacial mais sensible.

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