L’Américaine Vera Sola a vécu enfermée avec ses chansons pendant cinq ans pour donner naissance au lumineux "Peacemaker". Conçu pour réchauffer l’âme de l’adolescente tourmentée qu’elle était il y a quinze ans, et les doutes de tous les êtres qui fréquentent les mêmes ténèbres qu’elle à l’époque, ce disque lui permet d’enjamber avec panache le cap du deuxième album après le chef-d'œuvre "Shades" de 2018.
L’attente a été particulièrement longue avant ce deuxième album. A-t-il été long à écrire, à enregistrer, à mixer, à sortir ? Un peu tout ça ?
Il n’a pas été très long à écrire – encore que… Ça dépend de quel angle tu regardes la question. La moitié des morceaux était déjà écrite avant l’enregistrement de Shades ou pendant. Mais je savais que je n’étais pas capable de leur rendre justice avec mes moyens d’alors, j’avais conscience que je devais m’entourer pour les mener à terme. Mais même l’écriture des autres morceaux a été plutôt rapide. En studio, pas mal de musique émergeait en moi et je n’ai pas la sensation d’avoir cherché l’inspiration. L’enregistrement a été assez long, en tout cas plus long que ce qui est généralement admis pour ce type d’album. Je suis entrée en studio en octobre 2019 et j’ai travaillé un mois à temps plein. Ensuite, il y a eu tout un tas de petites sessions éparses jusqu’au confinement de mars 2020. On a eu juste eu le temps d’enregistrer les cordes et (elle claque des doigts) tout s’est arrêté d’un coup. Il s’est encore passé pas mal de choses pendant le Covid. Je suis assez maximaliste, je voulais un son imposant (“a big sound”). Quelque part, le confinement m’a aidée. Grâce à lui, si je puis dire, j’ai pu accéder à des personnes, des musiciens qui, sans ça, n’auraient pas du tout été disponibles. «Hé, tu as besoin de bosser, je crois bien ? Ça tombe bien, j’ai quelque chose pour toi.»